France Télécom – Orange : ouverture du procès des anciens dirigeants
Sept ex-dirigeants dont Didier Lombard, PDG de l’opérateur à l’époque des faits, comparaissent à partir de ce lundi 06 mai devant le tribunal correctionnel de Paris concernant la politique salariale qui serait à l’origine de plusieurs suicides.
Plus de 10 ans se sont écoulés depuis le début des faits qui se sont produits entre 2007 et 2009-2010 selon l’Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom par les syndicats CFE-CGC et FO qui ont recensés une soixantaine de suicides durant ces deux ou trois années. Parmi ces suicides, dix-neuf cas ont été étudiés avec attention par les juges du fait de liens « avérés » avec les conditions de travail.
A l’origine de cette hécatombe, révélant un profond malaise au sein de l’ex monopole d’Etat, le plan de réduction du personnel « NExT » (Nouvelle Expérience des Télécommunications). Instauré peu avant le début des faits, il visait une réduction drastique du personnel avec 22 000 suppressions de postes, 10 000 mobilités et 6 000 recrutements suite au passage de la participation de l’Etat à moins de 50% du capital en 2004.
Introduisant un management violent, 4 000 employés sont ainsi formés durant une dizaine de jours afin d’accomplir le plan avec pour objectif principal la réduction des coûts salariaux. La méthode utilisée à cette époque visait une dégradation des conditions de travail afin de pousser une partie des employés au départ volontaire afin de réduire les indemnités à payer. C’est ce mode de management qui est visé par le procès et qui serait à l’origine de ces suicides selon l’instruction.
Sept dirigeants de l’époque dont l’ancien PDG Didier Lombard, son adjoint Louis-Pierre Wenes et Olivier Barberot, son DRH sont ainsi jugés pour « harcèlement moral » et « complicité de harcèlement moral », l’opérateur est également mis en cause en tant que personne morale dans cette affaire « hors-norme ».
Se surnommant avec ses adjoints « Le bon, la brute et le truand » selon l’Humanité, Didier Lombard cherchait à réaliser des départs « par la fenêtre ou par la porte » selon ses propres mots, ce qui montre la violence du management introduit sous sa présidence. Les managers étaient encouragés à dévaloriser leurs collaborateurs, surtout les personnes identifiées comme « fragiles » en les surchargeant de travail ou en leur donnant des missions dévalorisantes.
En 2009, après 5 cas de suicides en un mois, Didier Lombard est pressé de s’exprimer afin d’apaiser les tensions avant de parler « d’une mode de suicides », avant de s’excuser en prétendant que cela était dû au terme anglais « mood » (humeur) qui l’aurait induit en erreur.
Débarqué en 2010, il sera remplacé par le PDG actuel, Stéphane Richard, ex directeur de cabinet de Christine Lagarde. De nombreuses décisions sont prises pour sortir de la crise dont la suspension des mobilités contraintes. Des milliers de réunions sont organisées, des enquêtes internes sont menées par des organismes extérieurs afin d’apaiser les tensions et de ramener le calme au sein de l’entreprise.
Si cet épisode n’est pas oublié en interne, Orange a appris de ses erreurs et a recruté de nombreux médecins du travail et formé ses cadres au management collaboratif afin d’avoir une certaine bienveillance avec les employés.
Ils risquent tous une amende de 15 000€ ainsi qu’un an de prison tandis que l’entreprise pourrait se voir infliger 75 000€ d’amende mais une indemnisation pourrait être décidée afin d’aider les victimes de l’époque.
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