Les propos du Président de l’Arcep fâchent la Fédération française des télécoms
Mercredi, Sébastien Soriano, Président de l’Arcep, était entendu par le Sénat. Il y a indiqué qu’aucun retard ne serait toléré dans les déploiements, ce qui a fait vivement réagir la Fédération française des télécoms (FFT).
Le Président de l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) a répondu à une commission du Sénat plus tôt dans la semaine. Durant cette audition, il a notamment indiqué que l’Arcep n’accepterait « pas n’importe quel retard ou motif au prétexte de la crise sanitaire ». Même si le régulateur est « solidaire des opérateurs depuis le premier jour du confinement ».
La crise sanitaire que le pays traverse actuellement a mis à l’arrêt ou devant un fort ralentissement les déploiements que cela soit dans la fibre ou dans le mobile. Mais pour Sébastien Soriano, cela ne devrait pas être pris en compte si les chantiers sont en retards et que les opérateurs ne peuvent pas déployer dans le temps imparti.
« Nous sommes solidaires des opérateurs depuis le premier jour du confinement et même avant mais une chose est sûre : nous n’accepterons pas n’importe quel retard ou motif au prétexte de la crise sanitaire. » – @sorianotech#COVID19 pic.twitter.com/64o8X9Yp6S
— Sénat (@Senat) April 23, 2020
Des propos « insultants »
Ces propos du Président de l’Arcep ont fait réagir la FFT et son Président, Arthur Dreyfuss, qui est par ailleurs Secrétaire général d’Altice France/SFR. Ce dernier a répondu au premier dans les colonnes du Figaro. « Ses propos sont insultants pour nos équipes » a t-il ainsi commencé avant d’ajouter « notre modèle de développement passe par le déploiement d’infrastructures fibre et 4G. Ce n’est pas une option. Notre mobilisation et nos investissements n’ont jamais été aussi grands que ces dernières années ».
Il est vrai que les opérateurs investissent de plus en plus chaque année dans les infrastructures, avec près de 9,8 milliards d’euros d’investis en 2018 et plus de 40 milliards en 5 ans. Et cela se traduit par des déploiements records comme avec la pose de 4,8 millions de prises fibre en 2019.
Mais les déploiements se heurtent à plusieurs problèmes avec l’adaptation aux gestes barrière, la diminution de la taille des équipes, ce qui fait diminuer le rendement. De plus, il y a des difficultés pour s’approvisionner en matériel et il est difficile d’obtenir des autorisations de voiries pour faire des travaux, même si le trafic est largement plus faible qu’auparavant.
Pour Arthur Dreyfuss, les opérateurs ne sont pas des « magiciens faisant fi de la réalité opérationnelle » dans laquelle est plongée la France. Pour lui, « les opérateurs ne sont pas le problème, ils sont la solution ». Et de ce fait, ils devraient être « soutenus ».
Depuis le début du confinement, les réseaux de télécommunications sont très sollicités par le télétravail, les loisirs et également l’école à distance.
Une « défiance » de l’Arcep
Pour Arthur Dreyfuss, l’Arcep ne se mobilise pas assez auprès des opérateurs et sent une « défiance » de la part du régulateur par rapport aux engagements pris et qui ne pourront sans doute pas être tenus en raison de la baisse de la production. Les opérateurs qui déploient les réseaux ont pris des engagements en ce qui concerne les déploiements et en cas de non respect de ceux-ci, ils s’exposent à de lourdes amendes.
Même si les techniciens et les sous-traitants reprennent petit à petit les chantiers, le début du confinement a mis un gros frein à la production. Avant la crise, les opérateurs posaient « 600 sites 4G par mois et 19 000 lignes FTTH par jour ». Des difficultés sont toujours présentes même si elles tendent à diminuer.
Les opérateurs se sont organisés et soutiennent les sous-traitants en payant plus rapidement les factures et en lançant pour certains des fonds pour cela.
D’autant plus que si les opérateurs continuent de percevoir les revenus des abonnements, ils subissent une baisse de revenus dans le même temps avec moins de raccordements à la fibre et beaucoup moins de vente suite à la fermeture des boutiques à travers le territoire.
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