Présidentielle : les candidats exposent leur projet numérique à la fédération InfraNum

ordinateur avec mains

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Ce mercredi 23 mars, la fédération InfraNum qui regroupe les acteurs de la filière du numérique a interrogé les candidats aux élections présidentielles, sur les actions qu’ils comptent mettre en place pendant leur mandat.

Nous étions hier à la conférence organisée par InfraNum, qui représente plus de 200 entreprises des métiers de la filière des infrastructures du numérique. Trente propositions ont été formulées par ses membres, pour tracer les enjeux pour le quinquennat à venir.

Philippe Le Grand, le président d’InfraNum, introduit cette journée et appuie sur l’importance du numérique. Quatre thèmes ont été définis par la fédération « Pour une France connectée et durable » : la question des réseaux, les défis environnementaux, la compétitivité nationale et les compétences professionnelles. Le premier enjeu de la filière est avant tout de généraliser la fibre optique d’ici 2025. Au cœur des enjeux également : la transition environnementale mais aussi l’accompagnement des entreprises à l’export.

Sept représentants des candidats aux élections présidentielles ainsi qu’un candidat étaient présents hier pour exposer leur projet en matière de numérique, s’ils sont élus à la tête du pays le mois prochain.

Les propositions des candidats sur le numérique

Nicolas Dupont-Aignan

Le député de l’Essonne et candidat à la présidentielle est le premier à présenter son projet numérique. Il explique qu’il y a un double défi en France : mettre en place la fibre optique sur tout le territoire, et couvrir l’ensemble du pays au niveau de la téléphonie mobile.

Pour Nicolas Dupont-Aignan, il y a toute une partie du territoire qui est abandonnée et on ne parle jamais de ces endroits. C’est pourquoi il lui paraît fondamental de couvrir l’ensemble de la France. Il insiste d’ailleurs sur le très haut débit comme un atout exceptionnel pour notre territoire, mais il y a des zones blanches partout qu’il est nécessaire de couvrir.

InfraNum Dupont Aignan

S’il est élu, il ferait des états généraux du numérique, il prendrait des décisions collectives et souhaiterait un ministère de l’aménagement du territoire avec une spécialité dans le numérique. Le candidat aimerait également qu’il y ait des formations dans ce secteur pour que les investissements puissent profiter à la fois aux citoyens mais également aux entreprises. Il termine en mettant en avant le fait d’avoir un réseau national unique que les opérateurs loueraient.

Eric Bothorel pour Emmanuel Macron

Député des Côtes-d’Armor et représentant du président-candidat Emmanuel Macron, Eric Bothorel est aussi son conseiller numérique. Fin connaisseur du sujet, il fait le point sur le quinquennat d’Emmanuel Macron comme la couverture de la 4G, la généralisation de la fibre prévue d’ici 2025, les raccordements complexes ou encore la mise en place de la 5G et l’industrie 4.0.

InfraNum Eric Bothorel

Au niveau des perspectives d’avenir, l’inclusion numérique est un sujet important dans leur programme, mais aussi celui des ressources humaines avec la formation continue en entreprise. Parmi les autres projets : celui de former 400 000 ingénieurs et techniciens dans les cinq ans à venir, de féminiser la filière encore bien trop représentée par les hommes, et de mettre à disposition des entreprises des kits de survie sur le numérique.

Eric Bothorel évoque par ailleurs des sujets comme la résilience et la souveraineté. Cette dernière ne se résume pas seulement à une question d’infrastructures selon lui, car elle fait référence également à la dimension humaine et à la formation.

Nelly Garnier pour Valérie Pécresse

Pour la conseillère numérique et représentante de Valérie Pécresse, l’axe principal de la candidate correspond à la souveraineté numérique. Nelly Garnier évoque certains enjeux actuels comme la crise sanitaire, la guerre en Ukraine ou encore les cyberattaques.

D’après elle, il n’y a pas de vision numérique et militaire sans souveraineté numérique, et être souverain c’est disposer d’infrastructures autonomes. Une loi prévue dans le programme de Valérie Pécresse prévoit d’ailleurs la création d’un cloud souverain pour protéger les données sensibles ou stratégiques pour les citoyens et la nation. Il faut aussi utiliser la commande publique pour développer la filière française, investir dans les technologies, maîtriser et valoriser nos données, et protéger les innovations. La conseillère numérique évoque aussi la création d’un haut conseil de la souveraineté numérique.

InfraNum Nelly Garnier

La question de la sécurité numérique touche la résilience des infrastructures et d’après elle, la prochaine crise sera probablement climatique ou cyber donc le rôle de l’Etat est d’anticiper les menaces et cela passe par la formation. La question des embauches et des talents est complexe et c’est pourquoi la formation et la montée en compétence est importante. Un objectif de leur programme est aussi de sensibiliser aux métiers de la filière plus tôt qu’à l’heure actuelle, de former et de féminiser ces métiers.

Par ailleurs, le numérique doit être au service des français et ne pas être un facteur d’exclusion. L’accélération de la couverture 4G pour ne plus avoir de zones blanches dans les territoires, fait aussi partie des points du programme de Valérie Pécresse. Enfin sur la question environnementale, le numérique peut être un accélérateur de la transition énergétique. Elle évoque par exemple l’impact des terminaux et le développement d’une filière du reconditionnement.

Alexandre Schon pour Jean-Luc Mélenchon

L’animateur du groupe thématique numérique de la campagne de Jean-Luc Mélenchon aborde d’abord la question du numérique sous l’angle du physique et du réel, qui n’est pas vu comme une menace à la France Insoumise mais comme une chance, pour échanger, tisser du lien, produire et révolutionner le monde d’aujourd’hui et de demain.

Pour eux, les décisions sont prises par une poignée d’acteurs avec les GAFAM qui mettent en place des modèles économiques qui ne sont pas viables avec l’écologie et le social. L’impact environnemental lié au numérique est d’ailleurs minimisé. Ils dénoncent des pratiques non éthiques et non souhaitables comme le fichage publicitaire, et les GAFAM utilisent leur position dominante pour faire régner leurs lois et construire leur propre autonomie après avoir créé leurs solutions logicielles et data centers.

InfraNum Alexandre Schon

Alexandre Schon explique qu’il faut concevoir le numérique comme un commun au même titre que d’autres ressources, et le considérer comme un droit fondamental. Il fournit ensuite une série de mesures : s’attaquer aux précarités numériques, inscrire un accès à un débit minimum, restaurer le service universel au très haut débit en lien avec les FAI, garantir la neutralité du net, donner accès à un équipement numérique de base, donner des subventions pérennes aux associations de lutte contre la précarité numérique, imposer des moratoires, réguler le sponsoring et la publicité sur YouTube, augmenter l’accès à la culture, la science et la création dans le numérique, faire de la transparence dans les algorithmes…

Il aborde aussi la question de la 5G à laquelle la France Insoumise n’est pas opposée mais le parti estime qu’elle doit être réservée aux grands industriels et aux hôpitaux. Le parti veut enfin une Europe de la souveraineté numérique, ne plus vendre nos données personnelles, recruter des magistrats formés sur le numérique, créer un cloud souverain ainsi qu’une agence de l’ONU spéciale, accorder l’asile politique à Julian Assange et Edward Snowden, et créer un nouveau modèle d’entreprenariat dédié au logiciel libre.

Sylvain Raifaud pour Yannick Jadot

Le conseiller du Grand Paris et référent numérique de la campagne de Yannick Jadot revient d’abord sur le changement climatique et le rapport du GIEC, et sur le numérique qui a une réponse à apporter pour la maîtrise des ressources. Il rappelle que le secteur est responsable de 2 à 4% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale : c’est plus que l’industrie aéronautique.

Sylvain Raifaud aborde différents sujets comme l’égalité entre les citoyens en matière de numérique, les données accessibles aux GAFAM, le contrôle de l’information ou encore la souveraineté nationale et européenne. Les Verts veulent intervenir en amont de l’innovation pour encourager et soutenir les modèles économiques vertueux. L’urgence à court terme est de faire respecter les lois par les GAFAM. D’après le référent de Yannick Jadot, les géants du numérique font chaque année des bénéfices énormes et ils paient en moyenne 14 points de moins d’impôts comparé à nos entreprises.

InfraNum Sylvain Raifaud

Parmi les propositions du programme, on retrouve la création de conditions pour que les citoyens reprennent le contrôle de leurs données dans des systèmes de stockage sécurisés locaux ou en ligne, la défense du droit d’auteur et de l’exception culturelle française face aux géants du numérique, le renforcement de la la part allouée au cyber, et l’éducation au numérique en protégeant notamment les jeunes générations des dangers du numérique.

Pour Sylvain Raifaud, l’Etat a un rôle à jouer dans la sobriété énergétique du numérique, le cloud souverain, la protection des données personnelles, la régulation des plateformes, l’inclusion numérique et l’accès pour tous aux outils. Sur la question de l’impact environnemental des terminaux, il faut augmenter la durée de vie des équipements et favoriser les modulaires et réparables avec un taux de TVA réduit. De plus, il faut réguler sur le sujet des données qui occupent énormément d’espace sur les serveurs, et imposer des pratiques d’éco-conception aux plateformes de vidéo et aux réseaux sociaux comme diminuer la qualité standard, pour alléger la bande passante et l’espace de stockage.

Sébastien Vincini pour Anne Hidalgo

Le vice-président du conseil départemental de Haute-Garonne et représentant d’Anne Hidalgo commence son intervention par l’importance du numérique qui a répondu au enjeux du quotidien pendant la crise sanitaire. Il revient sur des questions comme le changement climatique lié au numérique.

Il considère que l’Etat doit investir dans plusieurs champs : la transition écologique, la recherche mais aussi le numérique qui est un axe fort dans la résilience de notre pays. Sébastien Vincini définit ainsi des enjeux dans ce secteur avec d’abord l’investissement sur la recherche publique qui est beaucoup trop faible en France. L’objectif est d’atteindre 3% du PIB à la fin du quinquennat car il faut former les créateurs de demain et ceux déjà sur le marché.

InfraNum Sebastien Vincini

Un autre enjeu est de construire une vraie gouvernance autonome sur la question du numérique et cela passe par un ministère autonome indépendant pour mener des politiques transversales. Enfin, le dernier enjeu dans le programme d’Anne Hidalgo est la souveraineté, qui ne doit pas simplement être protégée mais également promue.

Plusieurs leviers sont identifiés : l’accompagnement des start-up avec un soutien financier à des solutions technologiques souveraines, la commande publique, le développement d’un cloud français, l’investissement massif dans la formation, l’inclusion numérique (couvrir l’ensemble du territoire et notamment les zones blanches, accélérer le déploiement et lever les obstacles), et enfin l’accélération de la sobriété numérique.

Frédéric Lefebvre-Naré pour Jean Lassalle

L’expert en exploitation de données et représentant de Jean Lassalle estime que l’importance à l’heure actuelle est d’avoir une bonne couverture numérique. Il évoque également la question environnementale et d’après lui, les solutions sont souvent locales avec par exemple l’installation de panneaux solaires et d’éoliennes.

Il aborde aussi des sujets comme le très haut débit, le financement de la recherche ou encore la connectivité dans le monde rural qui apporte de l’attractivité dans ces territoires. Pour lui, les collectivités locales doivent se sentir de maîtriser le sujet du numérique et il revient aussi sur l’importance de voir le numérique comme quelque chose de réel, dans le quotidien, comme l’a montré la crise sanitaire.

Une des propositions de Jean Lassalle est par exemple de créer une cyber-armée, étant donné les événements actuels comme la guerre en Ukraine et les risques de couper les communications des pays voisins.

InfraNum Lefebvre Nare

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