En 2023, BT annonçait une restructuration drastique avec jusqu’à 55 000 suppressions de postes, y compris les sous-traitants, à l’horizon 2030. L’objectif : réduire les coûts de 3 milliards de livres sterling, soit environ 3,5 milliards d’euros. Cette décision faisait déjà suite à une série de réductions intervenues au cours des décennies précédentes dans un secteur en constante évolution technologique.
Mais selon Allison Kirkby, cette projection pourrait sous-estimer l’impact réel de l’IA.
En fonction de ce que nous apprendrons de l’intelligence artificielle, BT pourrait être encore plus réduit d’ici la fin de la décennie
Allison Kirkby, directrice générale de BT Group au Financial Times
L’intelligence artificielle ne se contente pas de remplacer certaines tâches répétitives : elle bouleverse les modèles opérationnels traditionnels. Pour BT, cela signifie potentiellement pouvoir fonctionner avec moins de ressources humaines tout en maintenant, voire améliorant, l’efficacité.
D’ailleurs, les résultats financiers de BT indiquent une tendance encourageante : la demande en fibre optique et plus de 900 millions de livres d’économies réalisées ont permis de consolider les bénéfices annuels et d’améliorer la trésorerie.
Une scission d’Openreach à l’étude
Autre changement d’envergure envisagé : la séparation d’Openreach, la branche infrastructure réseau de BT. Bien qu’aucune décision ne soit actée, Allison Kirkby estime que la valeur d’Openreach n’est pas reflétée dans le cours de l’action du groupe. Si cette situation perdure, l’entreprise pourrait envisager une scission stratégique.
Selon New Street Research, Openreach pourrait valoir jusqu’à 30 milliards de livres sterling, bien plus que la valorisation actuelle de BT, estimée à 18,5 milliards. Ce déséquilibre pousse à une réflexion sur une éventuelle indépendance d’Openreach, qui approche par ailleurs son objectif de couverture fibre de 25 millions de foyers.
Une réflexion qui rappelle les récentes rumeurs de vente de Xp Fibre, l’entité réseau fibre d’Altice France. Le groupe de Patrick Drahi envisagerait de se séparer de cette infrastructure jugée stratégique, notamment pour alléger sa dette colossale.
Recentrage stratégique sur le marché britannique
Depuis son arrivée à la tête de BT, Kirkby a engagé un recentrage des activités sur le marché britannique avec notamment la cession des branches irlandaise et italienne. Les investisseurs, comme Sunil Mittal, détenteur d’une participation de 24,5 % depuis le rachat à Patrick Drahi, semblent soutenir cette orientation stratégique. Depuis la nomination de Kirkby, l’action BT a bondi de 65 %.
Une industrie en mutation rapide
BT n’est pas un cas isolé. Le secteur des télécoms, au Royaume-Uni comme à l’échelle mondiale, enregistre des réductions massives d’effectifs depuis les années 1990. Aux États-Unis, les grands opérateurs ont supprimé plus de 140 000 postes entre 2019 et 2024.
En France, Orange est passé de 66 755 postes en 2019 à 50 073 en 2024, soit une baisse de 25% de l’effectif moyen en équivalent temps plein. De même, lors du rachat de SFR en 2014, l’entreprise comptait 15 000 salariés contre environ 8 000 aujourd’hui.