Livre : Xavier Niel, la voie du pirate (Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette)

Les journalistes Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette ont sorti cette semaine aux éditions First une nouvelle biographie passionnante de Xavier Niel.

Habituellement méfiant envers les journalistes, le fondateur de Free a autorisé ses proches à répondre aux auteurs avec un simple « Up2U » (à toi de choisir). Fait exceptionnel, son père a même participé.

L’étudiant décrocheur à l’ambition dévorante issu de la classe moyenne a laissé place à un chef d’entreprise emblématique, ami des fondateurs de Snapchat, Airbnb, Facebook, Uber ou encore Nest, qu’il reçoit à Paris en véritable VRP de la France.

L’ouvrage revient sur les différentes étapes de la vie de Xavier Niel, y compris les plus sulfureuses comme sa condamnation pour recel d’abus de bien sociaux, tout en mettant en lumière la cohérence de l’entrepreneur depuis ses débuts :

« Le Minitel rose a financé le Minitel « sérieux » (annuaire inversé, etc.). Le Minitel sérieux a financé l’Internet gratuit bas débit. Le bas débit a financé le haut débit ADSL. Et l’ADSL a financé le mobile. »

Contrairement à un Patrick Drahi qui construit son empire sur une montagne de dettes, le pirate a toujours réinvesti ses cash-flows pour se développer et conserver la majorité du capital d’Iliad.

Autrefois pirate anti-establishment, la onzième fortune française peut aujourd’hui obtenir l’attention des ministres en un temps record depuis son rachat du Monde avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse, mais considère sa fortune comme un quasi bien public, qu’il met en partie au service de la nouvelle génération de hackers, en finançant son école gratuite 42, en créant le plus gros incubateur de start-ups d’Europe, ou en finançant l’amorçage de jeunes pousses.

Xavier Niel veut maintenant conquérir le monde et après des tentatives ratées aux Etats-Unis ou en Angleterre et des incursions dans de petits marchés comme la Suisse (Salt) ou Monaco (où sa position monopolistique lui permet de pratiquer des prix rappelant la période « pré-Free Mobile » en France), Iliad s’apprête à dynamiter dans les prochains mois le marché italien des télécoms.

L’ouvrage dévoile de nombreuses anecdotes sur la réussite de Free, comme l’incrédulité des différents acteurs lors de la construction de la première Freebox, développée par une poignée de geeks quand l’opérateur historique aligne des dizaines, voire des centaines d’ingénieurs pour concevoir un routeur ADSL.

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