Pollution du numérique : Pour Arnaud de Bermingham (Scaleway), les pratiques dans les centres de données doivent changer
L’empreinte énergétique du numérique est de plus en plus mise en avant pour justifier un report de la 5G. Mais ce n’est pas le seul secteur du numérique qui consomme et les centres de données pourraient consommer encore moins avec quelques changements.
Arnaud de Bermingham, patron de Scaleway, a pris la parole afin d’essayer de faire changer les pratiques dans son secteur, à savoir les centres de données. Un pan très important de l’économie du numérique, au même titre que les tuyaux ou les terminaux.
Avec l’adoption massive du cloud, les serveurs sont de plus en plus utilisés et quelques changements pourraient avoir un effet bénéfique sur la consommation électrique de ceux-ci. De nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années et la consommation des serveurs n’a pas tellement augmenté par rapport aux charges supplémentaires qui pèsent dessus aujourd’hui, mais des améliorations pourraient être faites facilement.
En effet, selon Arnaud de Bermingham, les centres de données sont calqués sur des modèles qui ont une vingtaine d’années, même pour les plus récents, pour deux raisons principalement. La première étant que les demandes des clients n’ont pas évolué et que l’innovation est mal vue puisqu’elle coûte très cher et est perçue comme un facteur de risque supplémentaire.
D’après le dirigeant, les serveurs modernes peuvent facilement supporter une température constante de 30°C mais les clients exigent une température de 20°C sous peine de sanctions financières pour l’hébergeur. Cela a pour effet un recours plus important aux systèmes de refroidissement et contribue « à gâcher 30 à 40% de l’énergie d’un datacenter, juste pour le refroidir ». Il ajoute que cela « pousse les datacenters les plus efficients, salués par tout le marché, à des pratiques inavouables : le gâchis de millions de mètres cubes d’eau potable dans les tours de refroidissement ».
Si cela pose bien évidemment des soucis environnementaux, il existe également un risque bien moins connu et qui est sanitaire cette fois-ci : la contamination de l’eau par les légionelles.
Arnaud de Bermingham estime que sur les 650 milliards de kWh engloutis par les centres de données à travers le monde pour l’année 2020, « au moins 240 milliards sont inutiles et évitables rien que sur la climatisation ».
C’est ce que sa société a fait pour la construction de DC5, l’un des centres de données de l’entreprise. Juste quelques grammes d’eau sont nécessaires au refroidissement des machines et ce, seulement quelques heures par an. Le procédé utilisé est le refroidissement adiabatique qui permet de réduire de 10°C la température extérieure, donc même à 40°C en plein été, les serveurs peuvent toujours tourner sans problème.
Ainsi « l’unicité du système, le rend bien plus fiable que n’importe quel procédé mécanique. De plus, les économies d’énergie et d’eau sont massives, tout au long de l’année, il ne nécessite pratiquement aucun entretien et ne fait appel à aucun gaz frigorifique à effet de serre. Autrement dit, il est zéro-carbone ! » s’exclame Arnaud de Bermingham.
L’empreinte écologique / énergétique du numérique, il ya ceux qui parlent et qui plantent des forêts pour la belle plaquette et ceux qui font et innovent 🌱
— Arnaud de Bermingham (@a_bermingham) August 9, 2020
Pour rappel, Scaleway était auparavant connu sous le nom d’Online et est une filiale d’Iliad, la maison-mère de Free.
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