Minitel : déjà 10 ans que la technologie a disparu de nos foyers
Le Minitel a fait son arrivée dans les foyers français en 1982, et a été débranché il y a maintenant dix ans, le 30 juin 2012. La « petite boîte beige » a rencontré du succès jusqu’à ce qu’internet ne prenne petit à petit sa place.
Il y a quarante ans, le gouvernement français introduisait les services en ligne Minitel. Ils ont ensuite été débranchés le 30 juin 2012 et d’après Benjamin Thierry, maître de conférences en histoire contemporaine à Sorbonne Université, auprès de l’Humanité, une partie de l’enfance numérique du pays s’est éteinte avec le Minitel, qui alors entré dans les « bizarreries technologiques » désormais obsolètes.
Une innovation française
Il explique que le Minitel était une innovation française née de la puissance d’un Etat ingénieur comme le Concorde, le TGV ou Ariane. Il faut en effet rappeler qu’à la fin des années 1970, la France a été changée par l’effort qu’a réalisé son administration des Postes et Télécommunications pour multiplier les lignes téléphoniques.
Le pays manquait encore de téléphones mais les effets du rattrapage téléphonique ont commencé en 1975 avec 7 millions de lignes installées (contre 4 millions en 1970). Le téléphone a été amené dans les foyers et entreprises, tandis que le réseau a été automatisé et est passé à l’électronique avec de nouveaux centraux.
« Les investissements sont colossaux et la question de la rentabilisation de telles infrastructures se pose alors que les appels vocaux ne sont pas suffisants » selon Benjamin Thierry. C’est alors que les laboratoires français travaillent à améliorer la mise en réseau des ordinateurs pour avoir accès à des services qui seraient sources de revenus.
Une diffusion dans les foyers dans les années 1980
Et en France, on s’oriente vers un réseau sécurisé, centralisé et piloté par l’administration, où il sera possible de facturer l’utilisation qui en est faite. En 1978, les terminaux avec un clavier et un écran raccordé à la prise du téléphone, sont alors testés. Les essais du Minitel sont concluants et au début des années 1980, la direction générale des télécommunications décide de le diffuser auprès des français.
L’administration choisit, en parallèle de la gratuité du Minitel, de mettre en place une tarification pour laquelle elle touchera 20% du prix payé par l’utilisateur, 80 % de cette somme étant reversés à leurs fournisseurs. Le seuil du million de Minitel utilisés est alors dépassé en 1985 et en 2000, 9 millions de terminaux sont en service et on atteint 1 milliard de francs de revenus.
« Nulle part ailleurs dans le monde, le grand public n’a accès à une telle offre. On peut s’informer en ligne, gérer son compte bancaire, préparer ses itinéraires routiers, réserver des billets de train ou d’avion… »
Benjamin Thierry
Une fermeture en juin 2012
Mais au début des années 1990, le réseau et le Minitel n’arrivent pas à évoluer. Les possibilités graphiques sont limitées et la tarification à la durée des connexions n’est plus intéressante. En 2010, le Minitel génère 200 000 euros de chiffres d’affaires par mois, mais les usages du web se diffusent dans le pays. En juin 2012, France Télécom (Orange) décide finalement de fermer son réseau.
Pourtant, en 2012 ce n’était pas forcément « la fin du Minitel » à proprement parler. En effet d’après le Musée du Minitel, il s’agissait de « l’arrêt des points d’accès vidéotex (les PAVI) qui répondaient sur les 3615, 3614, et mettaient les usagers en relation avec les services distants, connectés via le réseau Transpac (X25) qui formaient le kiosque télétel et son système de reversement aux services. » Certains passionnés sont d’ailleurs encore de nos jours à l’origine d’initiatives pour faire revivre le Minitel.
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