Fusion TF1/M6 : le groupe Bouygues abandonne le projet

La fusion entre les groupes TF1 et M6 ne pourra pas avoir lieu. Bouygues – maison-mère de TF1 – a décidé d’abandonner le projet lancé en mai 2021. Les concessions demandées étant beaucoup trop importantes.

La France ne sera finalement pas dotée d’un super champion de l’audiovisuel. Le projet de fusion des groupes TF1 et M6 a été abandonné, notamment à cause des concessions demandées par l’Autorité de la concurrence (Adlc).

Le retrait de Bouygues

Dans un communiqué commun, les groupes audiovisuels expliquent que suite aux débats avec l’Autorité, « il apparaît que seuls des remèdes structurels concernant a minima la cession de la chaîne TF1 ou de la chaîne M6 seraient de nature à permettre l’autorisation de l’opération ».

Les patrons de TF1 et de M6 avaient expliqué que si l’Adlc en venait à demander ce genre de concession, le projet serait alors purement et simplement abandonné et c’est ce qui s’est finalement passé malgré les tentatives des deux groupes de demander un élargissement du marché à prendre en compte. Vidé de sa substance, le deal ne semblait plus valoir le coup pour les deux groupes.

Cette décision de l’Adlc n’est pas très étonnante puisqu’elle avait déjà eu un avis négatif au cours de l’été concernant cette fusion. TF1 et M6 ont bataillé durant ces quelques semaines afin de faire prendre en compte les plateformes de vidéos à la demande dans l’équation et non pas le seul marché télévisuel français. Une situation que les parties déplorent car « elles restent convaincues que la fusion des groupes TF1 et M6 aurait été une réponse appropriée aux défis découlant de la concurrence accélérée avec les plateformes internationales ».

L’Autorité prend acte de la décision

De son côté, l’Adlc a annoncé qu’elle « prend acte de l’annonce » faite par le groupe Bouygues de retirer son projet d’acquisition. Mais elle ajoute avoir bien pris en compte les différents marchés pour prendre sa décision, aussi bien la télévision que les plateformes.

Pour l’Autorité, « la télévision reste un média très puissant auprès de la télévision française » malgré l’essor des plateformes. De plus, même si ces dernières vont diffuser de la publicité, cela sera fait très différemment de ce qui se fait à la télévision. L’Adlc a craint que la fusion n’entraîne « des risques concurrentiels majeurs notamment sur les marchés de la publicité télévisuelle et de la distribution de services de télévision ».

Un plan de secours

Avec l’abandon du projet, de nombreuses questions se posent et notamment celle de la revente de M6. Le groupe Bertelsmann, sa maison-mère, semble vouloir se séparer de la sixième chaîne et de ses petites sœurs mais le temps joue contre l’allemand.

L’an prochain, les fréquences de M6 seront renouvelées, tout comme celles de TF1. Après ce renouvellement, le groupe ne pourra pas faire l’objet de cession durant une période de cinq ans, il faudra donc faire vite si le groupe M6 doit être revendu.

Deux autres groupes étaient sur le projet il y a quelques mois, celui de Daniel Kretinsky ainsi que Mediawan qui appartient en partie à Xavier Niel. D’autres pourraient également se pencher sur le dossier comme Patrick Drahi via son groupe Altice qui avait signé un contrat pour racheter les chaînes dont les deux groupes se sépareraient si le projet de fusion voyait le jour.

Du côté de TF1, l’abandon du projet devrait mener à un plan B qui n’a pas été dévoilé pour l’heure mais que son patron avait annoncé durant l’été. Tout n’est donc pas terminé concernant cette fusion et on devrait encore voire quelques rebondissements d’un côté comme de l’autre.