Assiégé de toutes parts par des concurrents de plus en plus nombreux, CANAL+ voit ses résultats en France se dégrader au fil des trimestres mais le groupe continue malgré tout à engranger des abonnés à l’étranger.
Devant ce climat qui se dégrade de mois en mois, le groupe a encore perdu plus de 160 000 abonnés depuis le début de l’année, Jean-Christophe Thiery, président du conseil de surveillance du groupe CANAL+, a décidé de prendre sa plume dans les colonnes des Echos pour expliquer la situation, et la crise en France, que le diffuseur traverse en ce moment.
CANAL+ est née il y a 35 ans avec seulement 181 000 abonnés mais avec une situation de quasi-monopole durant plusieurs années sur le secteur de la télévision payante, une époque où internet n’était qu’à ses balbutiements mais la toile a depuis bien grandie et a vu naître plusieurs gros groupes qui sont rentrés en concurrence avec la chaîne cryptée comme Netflix ou Amazon.
La situation à l’étranger est plutôt bonne, le rachat du groupe M7 vient de permettre de gagner 3 millions d’abonnés supplémentaires dans sept pays européens, ce qui porte le total à 20 millions d’abonnés dans plus de trente pays, ce qui va permettre d’exporter la culture européenne et plus particulièrement française tout autour du monde.
En France la situation est très différente, avec de nombreuses difficultés. Le groupe a su faire face aux nombreux concurrents et à la montée d’internet grâce à la puissance de son actionnaire, Vivendi. Mais comme le souligne Jean-Christophe Thiery, « la situation de CANAL en France est celle d’une entreprise assiégée ». En effet, de nos jours, les attentes des consommateurs et des marchés sont très différentes de celles d’il y a 30 ans.
CANAL doit aujourd’hui faire face à une concurrence qui a beaucoup plus de moyens mais qui est surtout soumise à bien moins d’obligations par rapport à la création française. La chaîne a dû revoir ses offres, baissé ses prix mais aussi a réduit ses charges fixes.
Le président du conseil de surveillance ajoute que ces obligations « se sont accrues » au fil du temps, « la TVA appliquée à Canal est passée de 5,5 à 10 %, la fiscalité sectorielle du CNC s’est alourdie et Canal est taxé jusqu’à 7,25 % quand Netflix – zéro emploi en France – ne supporte qu’un taux de 2 % ».
Une situation assez incompréhensible pour le groupe puisque dans le même temps, il finance intégralement des œuvres « dont il n’a pas le droit de prendre les mandats à l’étranger et, qu’en France, il doit racheter après trois ans et demi de diffusion seulement ! », M. Thiery demande ainsi à ce que cette problématique soit revue afin de garantir « un fleuron français de l’audiovisuel ».
Enfin il termine en signalant que « le groupe Canal+ n’a pas peur de la concurrence » de Netflix, Amazon ou des futures Disney+ ou HBO Max. La chaîne cryptée veut « simplement que les bouleversements de son activité en France soient pris en considération ».