Orange Vs Canal+: La réconciliation à Cannes ?

Dépèche AFP: Orange (France Télécom) et Canal+ (Vivendi), bras dessus, bras dessous pour monter les marches de Cannes? Les deux sociétés, qui avaient croisé le fer l’an dernier au festival, l’abordent cette année dans un climat « apaisé« , selon l’opérateur télécoms.

Symbole de la réconciliation, Studio 37, la filiale d’investissement dans le cinéma de France Télécom coproduit l’un des films en sélection officielle, « A l’origine », de Xavier Giannoli dont la première diffusion télévisée a été réservée par Canal+.

Autre preuve d’un retour à la sérénité, Orange et Canal+ vont pour la première fois codiffuser et coproduire TV Festival, la chaîne officielle de l’événement, autrefois chasse gardée de la chaîne cryptée. Ce qui permettra à l’opérateur d’en diffuser des images sur internet, téléphone mobile et sur Orange Tv ADSL, Fibre et Sat (voir notre article du 20 avril à ce sujet).

« Nous voulons marquer notre engagement avec le festival dans une relation apaisée avec le groupe Canal+« , affirme le directeur des contenus d’Orange Xavier Couture, par ailleurs ancien président du directoire de Canal+. « On ne peut pas vivre en guerre ad vitam aeternam« , ajoute-t-il.

En 2008, le rendez-vous cannois avait été électrique, Studio 37 accusant Canal+ d’empêcher les producteurs de venir le voir, une accusation qualifiée de « ridicule » par le directeur général de Canal+, Rodolphe Belmer.

L’arrivée de l’opérateur dans le septième art, par la création de Studio 37 et de son bouquet de chaînes Orange Cinéma Séries, était alors vécue comme une concurrence frontale par Canal+, premier financier privé du cinéma français.

Aujourd’hui, « il n’y a plus de souci« , affirme Frédérique Dumas, directrice générale de la filiale d’Orange et « 95% des films qu’on coproduit sont financés par Canal« .

Interrogée, Canal n’a pas souhaité s’exprimer.

Pour Studio 37, qui n’a que deux ans d’existence, cette première sélection en compétition officielle est une récompense. Deux autres de ses projets seront présentés, « Les beaux gosses » de Riad Sattouf à la Quinzaine des réalisateurs et « Lascars » d’Albert Pereira à la Semaine internationale de la Critique.

Jusqu’à présent la société a signé 30 engagements pour des films, dont dix sont sortis (« Espion(s) » avec Guillaume Canet, « Cyprien » avec Elie Semoun, « Welcome » de Philippe Lioret…). « Nous suivons le plan d’investissement que nous nous étions fixés« , indique Mme Dumas, qui ne donne aucun chiffre. « Pour l’instant, notre budget nous a permis de faire tout ce qu’on voulait« , dit-elle.

Parmi ses projets, le nouveau long-métrage de Mathieu Kassovitz, celui de Johann Sfar sur Serge Gainsbourg et un film réalisé par Didier Bourdon. L’opérateur ne veut être que co-producteur: « notre rôle c’est d’être un outil au service du producteur, comme le font Canal et TF1, plutôt que de l’être nous-même« . Côté financement, « nous sommes en finalisation des accords avec le cinéma français« , précise M. Couture.

Le festival donne lieu à une programmation spéciale sur Orange Cinéma Séries (251.000 abonnés fin mars) avec un magazine sur la compétition, une rétrospective de films ayant inspiré le réalisateur Quentin Tarantino (en compétition cette année avec « Inglourious basterds ») et une journée consacrée à la présidente du jury Isabelle Huppert (voir notre article du 20 avril à ce sujet)

Certes quelques différends juridiques sont encore à l’horizon. Ainsi la cour d’appel de Paris étudie ce jeudi si Orange peut vendre ensemble sa chaîne sportive payante et son offre internet, à la suite d’un recours de Free et de SFR filiale de Vivendi.