Réponses du président du CSA

Nos confrères de Satmag nous révèlent les propos du président du CSA, Michel Boyon, à l’occasion du déjeuner organisé par l’Association des Journalistes des Médias et de la Communication. Morceaux choisis, concernant plus ou moins directement Orange.

La HD sur la TNT

Sur la haute définition, le patron du CSA nous dit que tout le monde veut y aller même si, d’après lui, le cout de diffusion serait entre dix et 20% plus élevé qu’en analogique. On ne supportera plus la simple définition une fois que la HD sera majoritaire.

Certains souhaitent retarder ce basculement pour des problèmes financiers mais pour lui, en 2015, toutes les chaînes y seront passées.

Rappelons que pour l’instant, seules TF1, France2, Canal+, Arte et M6 diffusent en HD sur la TNT (NRJ12 ne diffuse en HD que sur les réseaux câblés et ADSL) et que BFM TV devrait lancer sa version HD sur ces mêmes réseaux en juin.

La Radio Numérique (RNT)

Le CSA a du faire face à des problèmes qui ont retardé le projet de la Radio Numérique. Il a du attendre le choix des normes. Il a fallu sept mois pour que l’arrêté sur les normes soit publié.

Il a fallu ensuite attendre le 23 décembre 2008 pour que le premier ministre signe pour dire que la bande III (actuellement occupée par Canal+) serait bien réservée à la radio.

L’appel à candidature a été retardé à la demande des petites radios pour qu’ils aient plus de temps pour remplir les dossiers.

Donc le choix de la première tranche sera annoncé en mi-mai même si, malicieusement, il dit que peut-être qu’il a déjà été fait et que le CSA attend pour le rendre public.

Peut-être que le CSA lancera la radio numérique là où les fréquences pourront être définitives, ce qui signifierait un lancement en régions avant Paris.

Les gros opérateurs, pour équilibrer leurs comptes, préféreraient un lancement en janvier 2010 plutôt que décembre 2009. Tout sera connu dans les 10 jours (nous vous en reparlerons alors).

La TMP

Sur la TMP, Michel Boyon attend les propositions de la mission de Cyril Viguier.

Il a le regret que l’on ne soit pas trois ans en arrière, on serait dans une période de vaches grasses et alors, la crise ne serait pas là et tout le monde se lancerait sans problème. Tout le monde aurait payé, les chaines, les télécoms… « Pas de bol, ça arrive maintenant, c’est comme ça… »
La sélection des candidats a été faite et elle est intouchable. Les choix ont été faits à partir de principes simples :

On s’appuie sur des programmes existants pour le premier tour de la TNT, ils ont la notoriété, un public, ils ont déjà des fidèles.

On ne pouvait pas lancer le projet avec des programmes extrêmement innovants

Tous les groupes présents sur la TNT ont au moins un programme sur la TMP car la TMP est la fille de la TNT, elle le rend possible. On a voulu donner sa chance à tous.

Une place a quand même été offerte à deux nouveaux projets nouveaux : EuropaCorp et Orange.

Le CSA ne voit aucun inconvénient à ce que ça démarre plus lentement, tant que l’on arrive aux 30% dans les trois ans.

Du coté financement, soit tout le monde paie au démarrage, soit seuls les opérateurs paient mais les chaînes ne seront pas rémunérées.

Il y a une rumeur disant que l’on pourrait retirer Arte pour placer une sélection de bons programmes non retenus par le CSA. Michel Boyon ne croit pas trop à un partage des canaux. Le CSA était quand même malheureux l’an dernier d’avoir refusé certains projets auquel il croyait.

Pour M. Boyon, la TMP a un avenir devant elle, telle que prévu.

Il ne pense pas que l’on doive choisir une autre norme de diffusion. Via le portable en 3G, les enquêtes de satisfaction ne sont pas bonnes : « S’il est vrai que c’est moins cher et on peut donner des choses merdiques et s’en contenter », il n’est pas pour.

Il est convaincu qu’il y a un public pour la TMP. Le satellite peut être un complément pour les 40% qui ne seront pas couverts.

Les exclusivités d’Orange

Concernant Orange et l’avis positif du CSA, à qui on lui avait demandé de prendre position, le conseil estime qu’une exclusivité est défendable dès lors qu’elle lors qu’elle s’applique dans un délai limité.

Elle peut être de l’ordre de trois ans par exemple, pour permettre un service nouveau d’établir un premier territoire, de placer ses marques, et d’arriver à un minimum d’abonnés et de ressource.
Puis l’exclusivité doit tomber.

Le CSA ne veut pas interdire à priori une exclusivité. Sur le problème de la vente liée, le CSA n’est pas compétant.

La TNT Payante

« Vu le nombre d’abonnés, 400.000 environ hors Canal Plus, c’est un peu un «insuccès »« , Était-ce prévisible ? Ca ne l’étonne qu’à moitié. « Je pense que c’était quand même prévisible. Les gens qui s’abonnent à des chaînes payantes ont un intérêt particulier pour tel ou tel type de programmes, et quand ils veulent accéder à des chaînes diffusant ce type de programmes, et bien, ils regardent où c’était possible. Et ils ont pris des abonnements au câble, au satellite ou l’ADSL« . Alors, échec durable ? « Je ne sais pas lire dans le marc de café… » La TNT payante peut être une première étape vers d’autres offres. « Je ne sais pas« .

Alors que faire ? Il y a différentes options.

Il y a des opérateurs qui veulent rebasculer les canaux payants vers le gratuit.

Il y a des opérateurs qui veulent lancer des programmes payants « que eux savent commercialiser alors que les autres ne savaient pas » autrement dit, Canal Plus qui n’y trouvait pas un intérêt et voulait protéger ses abonnements au satellite.

M. Boyon confirme qu’Orange a bien demandé à diffuser ses deux chaînes sur la TNT payante mais le problème n’a pas été traité.

Certains demandent le passage dès à présent à la haute définition, le CSA ayant dit que toutes les chaînes de la TNT ont vocation à passer en HD.

Enfin, il y en a d’autres qui demandent de faire de la VOD sur les fréquences abandonnées.

Le CSA va lancer en mi-mai une consultation publique (dont les résultats seront connus en juin) sur le sujet pour en savoir plus sur les gouts et les attentes des uns et des autres.

Source : Satmag