MWC 2023 : le ton monte au sujet du financement des réseaux par les Big Tech
Les opérateurs télécoms ont remis sur la table le sujet de la participation des Big Tech au financement des réseaux lors du Mobile World Congress de Barcelone. Pour Christel Heydemann, la patronne d’Orange, la régulation est « périmée » et les opérateurs ne devraient pas être les seuls à investir dans les réseaux.
Quelques jours à peine après que la Commission européenne a lancé une consultation publique au sujet de la participation des Big Tech (Google, Facebook, Netflix…) au financement des réseaux télécoms, les opérateurs télécoms ont remis le débat au goût du jour lors du Mobile World Congress de Barcelone.
Alors que cette consultation, qui prendra fin cet été, cherche à savoir comment une telle taxation pourrait prendre forme, si elle venait à être validée d’ici les prochains mois, la tension monte entre les géants du web et les opérateurs. Orange s’est d’ailleurs fermement exprimé à ce sujet durant le salon des télécoms.
Les opérateurs ne peuvent pas investir seuls
Lors de la conférence d’ouverture, Christel Heydemann, la patronne d’Orange, a avancé que « d’après PWC, 46 % des PDG dans les télécoms pensent que leurs entreprises ne vivront pas une décennie de plus ».
Elle a aussi ajouté qu’en raison de l’immense trafic que ramènent les géants du web et les plateformes, les opérateurs vont être contraints d’investir « 15 milliards d’euros par an » pour les réseaux, qui s’ajouteront aux 56 milliards d’euros qu’ils dépensent déjà par an dans ces réseaux. De lourds investissements que les opérateurs ne peuvent pas supporter seuls selon Christel Heydemann, d’autant plus que la Commission européenne s’est donné pour objectif de fournir une connexion internet de 1 Gbit/s partout en Europe d’ici 2030.
La patronne d’Orange rajoute que le Vieux Continent « a besoin d’une impulsion beaucoup plus importante pour atteindre ces objectifs, et cette impulsion doit être appliquée à l’ensemble de l’écosystème numérique, pas seulement aux opérateurs ». Un discours que rejoint José María Álvarez-Pallete, le patron de Telefónica, d’après Les Échos.
Elle se permet également de pointer du doigt la régulation « périmée » qui s’applique dans la filière télécoms, mais elle avance toutefois que la participation financière des géants du web ne devrait pas prendre la forme d’une « taxe » mais plutôt de la signature de contrats de gros avec les opérateurs.
La Commission européenne ne prend pas parti
Thierry Breton, commissaire au marché de l’intérieur, a pour sa part indiqué qu’il ne prendrait pas parti dans ce débat opposant les géants du web et les opérateurs. Si plusieurs acteurs de la filière et experts pensaient que le commissaire se rangerait du côté des opérateurs, il n’en est rien.
Il a avancé lors du salon mondial que selon lui, « le véritable défi consiste à faire en sorte que d’ici 2030, nos concitoyens et nos entreprises dans nos rues à travers l’UE – y compris ici à Barcelone – aient accès à une connectivité Gigabit rapide, fiable et gourmande en données. »
Des représentants des Big Tech, notamment Google et Meta, sont attendus au MWC 2023 qui se tient en ce moment à Barcelone. Ces derniers devraient s’exprimer au sujet de cette éventuelle future taxe numérique sur l’utilisation des réseaux télécoms européens, ce qui devrait alimenter davantage le débat en cours.
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