
A l’occasion du TRIP de Printemps de l’Avicca, l’Observatoire de la Transition Numérique a été dévoilé par l’Avicca, InfraNum et la Banque des Territoires. Celui-ci montre un plan très large de l’avancée du numérique dans l’Hexagone.
Un milliard d’euros de dépenses d’ici 2030
Ce rapport montre les avancées dans le déploiement de la fibre mais il montre aussi que tout n’est pas joué et qu’il ne faudra pas se reposer sur ses lauriers afin que le déploiement de la fibre soit total.
A fin 2024, la France comptait 91% de locaux raccordables et elle se rapproche de ses objectifs. Il est estimé que le déploiement pourrait atteindre 94,6% en 2026 mais celui-ci ralentit. Il faut dire que les derniers kilomètres de fibre optique sont les plus délicats à tirer, notamment dans les réseaux d’initiative publique (RIP) avec des infrastructures manquantes, des coûts élevés et de longues distances à couvrir.
Les coûts s’envolent pour ces derniers kilomètres, pesant sur le modèle des RIP dont la tarification ne reflète pas ces changements qui deviennent compliqué à assumer, aussi bien pour les opérateurs que pour les collectivités.
Mais il faudra également ajouter à ces coûts d’autres dépenses qui devraient être bien utiles pour la résilience des réseaux. Les récents événements climatiques nous ont montré qu’il était nécessaire de se préparer aux inondations ou aux tempêtes, surtout avec des infrastructures vieillissantes.
La dépense est estimée à 400 millions d’euros pour le raccordement des prises complexes dans les RIP et elle devrait atteindre le milliard à la fin de la décennie en prenant tout en compte comme l’entretien, le renouvellement ou l’adaptation.
Sans surprise, la Cour des comptes confirme que le modèle économique actuel montre ses limites. Pour finaliser le déploiement partout en France, il est indispensable de revoir les tarifs et de mettre en place un véritable mécanisme de péréquation. C’est une question d’équité entre les territoires. Si les mécanismes financiers qui ont accompagné France Télécom puis Orange pour le cuivre sont refusés pour la fibre optique en zone rurale, c’est tout l’édifice du Plan France Très Haut Débit qui s’écroulera tôt ou tard
Patrick Chaize, Président de l’Avicca
Fin du cuivre : un accompagnement nécessaire
Autre élément important de la transformation numérique des territoires : la fin du cuivre. Les territoires ne sont pas tous au même niveau concernant l’arrêt du cuivre qui doit se faire dans les prochaines années et le taux d’adoption de la fibre fait craindre différents problèmes, notamment pour les entreprises qui sont encore très en retard en ce qui concerne son adoption.
Il faut dire que 35% des entreprises ne souhaitent pas migrer vers la fibre selon une étude de Covage. Les nombreux problèmes soulevés ne sont pas rassurants, surtout pour des entreprises qui dépendent beaucoup du téléphone ou d’internet, même si sur ce dernier point des solutions temporaires peuvent être trouvées.
Toutefois, cette faible transition inquiète. Il faut dire qu’il pourrait y avoir 20 millions d’abonnés fibre à horizon 2030 par rapport à maintenant avec la possibilité de les voir migrer chez un autre opérateur, tout en devant gérer la dépose de 43 millions de lignes de cuivre. Le chantier s’annonce complexe s’il n’est pas pris en amont et s’il n’y a pas de coordination entre les différents acteurs.
De nombreuses innovations pour les collectivités
Les collectivités auront également fort à faire dans les prochaines années avec la fin du Plan France Très Haut Débit. Elles pourraient devoir se pencher sur de nombreux nouveaux services à mettre en place comme la vidéoprotection, l’internet des objets ou encore la cybersécurité. D’ailleurs, elles commencent à s’y intéresser puisque 90% des collectivités interrogées dans le cadre de cet observatoire ont au moins un projet en ce sens mais elles devront en développer bien plus.
L’un de ces axes pourrait d’ailleurs être la construction de centres de données de proximité. De quoi héberger les données publiques en France, en limitant l’empreinte carbone. Cela pourrait se faire localement ou au niveau régional avec une mise en commun des ressources.
La filière numérique doit inscrire son action dans le temps long : préserver et valoriser ce qui a été construit, dans une logique de cohérence économique et technique, est un impératif. C’est la condition pour des infrastructures sobres, des données maîtrisées, et des territoires qui gardent la main sur leur transition numérique
Ilham Djehaich, Présidente d’InfraNum