Internet rétabli en Afghanistan après un blackout numérique sans précédent

Depuis mercredi, la population afghane célèbre dans les rues le retour des services de télécommunications et d’Internet, après une coupure brutale de 48 heures imposée par les talibans. Cette décision, prise sans explication officielle, a paralysé l’ensemble du pays, isolé la population, freiné les échanges commerciaux et suspendu les services d’urgence.

Serveurs

Dès lundi, les réseaux de téléphonie mobile et l’accès à Internet ont disparu dans tout l’Afghanistan. Selon NetBlocks, la connectivité est tombée sous les 1 % de son niveau normal en quelques heures. Les systèmes de contrôle aérien étant inopérants, de nombreux vols ont été annulés. Les services bancaires, notamment les transferts internationaux d’argent, ont été interrompus, plongeant les familles dans l’angoisse.

L’économie a été touchée de plein fouet : les centres commerciaux se sont vidés, les agences de voyages ont suspendu leurs services, et les échanges commerciaux avec le Pakistan ont été bloqués, laissant des centaines de camions immobilisés aux frontières.

Un retour progressif, sans explication claire

Le rétablissement de la connectivité a débuté mercredi, provoquant une vague de soulagement. Des habitants de Kaboul décrivent des scènes de joie où hommes, femmes et même membres des talibans utilisaient leurs téléphones pour renouer contact avec leurs proches.

Officiellement, le gouvernement taliban n’a donné aucune raison pour ce blackout. Certains responsables évoquent des raisons techniques, notamment des travaux sur des câbles de fibre optique. D’autres, comme les porte-paroles de certaines provinces, ont admis que l’interruption avait été ordonnée pour « lutter contre l’immoralité ».

Des motivations idéologiques derrière la coupure

Le décret ayant déclenché cette interruption serait venu du Guide suprême des talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada. Il y dénonçait l’Internet haut débit comme une porte ouverte aux influences impies et aux « ennemis de l’islam ». Dès septembre, plusieurs provinces avaient déjà restreint l’accès à Internet, notamment via la fibre optique.

Ce durcissement s’inscrit dans une ligne religieuse ultra-conservatrice imposée par le régime depuis son retour au pouvoir en 2021. L’éducation des filles est interdite au-delà de 12 ans, les livres écrits par des femmes sont bannis des universités, et les femmes sont exclues du monde du travail.

Un isolement renforcé pour les femmes et les ONG

Pour de nombreuses Afghanes, Internet représentait l’unique lien avec l’éducation, les soins et le monde extérieur. Sa disparition a donc renforcé leur isolement.

Les ONG et les agences de l’ONU ont dû basculer sur des communications par satellite ou radio pour poursuivre leurs activités. L’ONU a dénoncé une décision qui menace la stabilité économique et aggrave l’une des pires crises humanitaires mondiales.

Le blackout a mis en lumière la fragilité extrême dans laquelle vit la population afghane. Familles éclatées, économie au bord de l’effondrement, accès à l’information restreint : le pays souffre d’un isolement croissant.

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