Pour la CLCV, la surfacturation est une conséquence directe du modèle économique d’Apple. Le géant californien impose aux éditeurs de services musicaux (Spotify, Deezer, Qobuz, Tidal ou encore YouTube Music) d’utiliser exclusivement son système de paiement intégré, moyennant une commission de 30 % la première année, puis 15 % ensuite. Ces frais sont le plus souvent répercutés sur le prix final payé par l’abonné, entraînant un surcoût de 1 à 3 euros par mois pour ceux qui souscrivent via l’App Store.
Pire encore : Apple aurait interdit à ces plateformes d’informer leurs utilisateurs de l’existence d’alternatives moins chères disponibles sur leurs propres sites. Une restriction qui prive les consommateurs d’un accès à une information essentielle sur les prix réellement disponibles.
Une action de groupe pour défendre les consommateurs
La CLCV a saisi le tribunal judiciaire de Paris en novembre 2025 pour défendre les utilisateurs français lésés par ces pratiques. Elle s’appuie notamment sur une décision de la Commission européenne, qui a infligé à Apple une amende de 1,8 milliard d’euros en mars 2024 pour abus de position dominante dans le secteur du streaming musical.
L’association estime que les consommateurs ont subi un double préjudice : économique, à cause du surcoût mensuel, et moral, en raison de la dissimulation d’informations clés qui auraient pu influencer leur décision d’achat.
Les utilisateurs concernés sont ceux qui ont souscrit, entre 2011 et 2025, un abonnement à un service de streaming musical depuis l’App Store. La CLCV invite ces abonnés à rejoindre l’action collective et à témoigner, espérant obtenir une indemnisation pour tous.
Un front européen contre Apple
La France n’est pas seule à s’attaquer à la firme de Cupertino. Des actions similaires ont été lancées dans d’autres pays européens comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie ou encore le Portugal sous l’impulsion de l’organisation Euroconsumers. En Belgique, 55 000 personnes seraient concernées, et la somme des indemnisations pourrait atteindre jusqu’à 259 millions d’euros pour l’ensemble du continent.
Cette mobilisation paneuropéenne repose sur la directive de 2020 sur les actions collectives, qui renforce les droits des consommateurs face aux géants du numérique. La CLCV, déjà à l’origine d’accords favorables aux consommateurs dans d’autres affaires, espère faire de ce cas un précédent.
Apple rejette en bloc les accusations
De son côté, Apple nie toute responsabilité. Un porte-parole de l’entreprise a qualifié l’action de la CLCV de « sans fondement » auprès de l’AFP, mettant en avant le dynamisme et la concurrence du marché européen du streaming musical. Selon Apple, les utilisateurs ont aujourd’hui plus de choix que jamais, et rien ne prouve qu’ils aient été lésés.
La firme souligne également que Spotify, principal plaignant dans l’affaire européenne, détient 56 % du marché du streaming en Europe, une domination que le groupe attribue à sa propre plateforme, l’App Store, qui a permis à Spotify de se développer à grande échelle.
Enfin, Apple pointe un paradoxe : même après avoir cessé de reverser des commissions, Spotify a tout de même augmenté ses tarifs en France, laissant entendre que la suppression de la commission ne profite pas automatiquement au consommateur.

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