L’Arcep publie son cinquième rapport sur l’état de l’internet en France
L’Arcep, le régulateur des télécoms, vient de publier son état des lieux de l’internet en France. Il s’agit de la cinquième édition et un nouveau chapitre s’ouvre avec la prise en charge de l’impact environnemental du numérique.
Si le rapport concerne l’état de l’internet en France au cours de l’année 2019, l’Arcep a ouvert en préambule sur l’impact du confinement sur les réseaux en France. Cette période de crise sanitaire a permis de voir que les réseaux tenaient bon malgré l’augmentation de 30% du trafic notamment grâce aux efforts des plateformes pour réduire leurs débits, ce qui a permis de décongestionner les points impactés. Le régulateur se félicite que tout ceci ait pu se faire dans le respect de la neutralité du net.
Vers des mesures plus fiables
Le gendarme des télécoms porte un projet depuis maintenant plusieurs mois, le premier dans le monde selon son Président Sébastien Soriano, il s’agit de largement améliorer les tests de débits à l’avenir. Cette évolution se fera grâce à une API dans les box des opérateurs et cela donnera de meilleurs indications sur les test effectués.
Elle devrait être déployée d’ici le 17 juillet 2022 sur une grande partie des box des opérateurs nationaux et les plus petits avec différentes étapes dont une première démonstration durant l’été 2021. Le tout sera fait dans le respect de la vie privée et l’API ne communiquera pas directement avec le site web.
Il est également prévu différentes évolutions de ces « speedtests », des indications donneront les différentes limites liées aux tests de débits comme le fait que le site ne peut pas délivrer plus d’un gigabit de débit à la fois, avec plusieurs tests à la fois, le débit sera divisé d’autant.
De plus, l’environnement logiciel sur le PC peut également influer sur les mesures de débits. Afin de palier ce problème, l’Arcep va mettre en ligne une distribution qui pourra être installée sur une clé USB bootable. Il suffira de lancer une session dessus afin de faire un test de débit plus fiable.
Superviser l’interconnexion des données
L’Arcep supervise également l’interconnexion des données. Il s’agit de l’une des pierres angulaires du net. Grâce aux interconnexions, les différents acteurs du net peuvent se connecter entre eux et échanger du trafic. Comme l’a prouvé le confinement, ce système peut être sous tension.
L’Autorité doit donc jouer son rôle de régulateur parfois et n’hésite pas à sortir son sifflet de gendarme s’il existe des tensions entre deux acteurs à ce sujet. Durant l’année 2019, le trafic entrant vers les quatre principaux fournisseurs d’accès a augmenté de 29% pour atteindre 18,4 Tbit/s en fin d’année.
Si le trafic est important, les FAI peuvent encaisser jusqu’à 2,7 fois plus de trafic entrant, ce qui laisse de la marge mais n’empêche pas des points de congestion à certains endroits suivant les accords de peering.
Quatre fournisseurs de contenus se partagent toujours une grande partie du trafic. Ils représentent à eux seuls 55% de celui-ci et le premier augmente encore un peu plus son écart avec les autres.
Transition vers IPv6
Le régulateur surveille l’avancée d’IPv6 parmi les fournisseurs d’accès à internet. Le protocole précédent, IPv4, est en pénurie d’adresses et plutôt que d’user de bricolages comme une IPv4 divisée entre plusieurs clients, l’Arcep pousse à l’adoption d’IPv6.
Chaque année, l’Autorité dresse donc un bilan pour connaître l’avancée du déploiement de l’IPv6 sur les abonnements internet, que ce soit le fixe ou le mobile. La transition se fait lentement et tous les acteurs doivent y passer pour éteindre à terme IPv4 mais tous ne se prennent pas au jeu et l’adoption se fait assez lentement, même pour les fournisseurs de contenus ou les gros sites web puisque seulement 27% des sites les plus visités en France sont compatibles IPv6.
La publication de ces résultats permet de mettre la pression sur les opérateurs mais cela n’est pas suffisant puisque l’adoption sur le mobile est très lente. C’est pourquoi, dans le cahier des charges de la 5G, les opérateurs qui obtiendront des fréquences, les quatre donc, devront rendre leur réseau mobile compatible IPv6.
Orange et Free sont les bons élèves sur le fixe et tout ou grande partie du réseau sera migré d’ici 2022, là où les deux autres auront un taux d’adoption de l’ordre de 50%.
Sur le mobile, l’histoire est assez différente puisque l’adoption à l’heure actuelle est quasiment nulle chez orange et à 0 chez Free et SFR. Seul Bouygues Telecom fait figure de bon élève mais uniquement pour les mobiles Android actuellement, l’opérateur a un taux de 0% sur l’iPhone et de 79% sur Android.
Mais Orange et Bouygues ont activé IPv6 sur les iPhone en septembre et octobre 2019, si le taux est de respectivement 30% et 68%, il n’entre pas en compte dans le graphique puisqu’il correspond à mi 2019, soit juin.
Neutralité du net
L’autorité de régulation est garante de la neutralité du net. Ce cadre ouvert dicte la bonne conduite des opérateurs en la matière, empêchant ainsi les acteurs en place de favoriser un acteur bien précis. On ne trouvera plus d’offres qui donnent accès à seulement X Go d’internet mais un accès illimité à un réseau social précis.
Une plateforme a été mise en place, il s’agit de « j’alerte l’Arcep » qui permet entre autre de notifier le régulateur lorsqu’il existe un manquement à la neutralité du net. De plus, l’Arcep a participé au lancement et à l’amélioration de l’application mobile Wehe qui permet de trouver si un FAI bride des usages. L’Arcep a fait intégré des sites utilisés par les internautes français à l’application américaine afin de refléter au mieux la situation dans l’Hexagone.
La neutralité du net a permis de ne pas bloquer certains usages totalement durant le confinement. En travaillant avec les plateformes, cela a permis de réduire les débits de celles-ci plutôt que de couper totalement le service ou de le brider. Les débits ont été réduits, les mises à jour de certains jeux ont été décalées, ce qui a permis d’éviter la congestion dans certains points
Les terminaux, maillon de l’accès
L’Arcep travaille sur les terminaux qui sont l’un des maillons structurants de l’accès à internet. Sans eux, il n’est pas possible d’accéder à la toile, c’est pourquoi il est important d’en tenir compte afin que ceux-ci ne se transforment pas en goulot d’étranglement de la neutralité du net.
En les régulant, l’Arcep peut ainsi forcer les développeurs de systèmes d’exploitation à les rendre compatibles avec l’IPv6 par exemple. Le gendarme peut également jouer son rôle en empêchant le verrouillage du marché par un acteur plus puissant que d’autres.
La question de l’empreinte environnementale
Enfin dernier volet de ce rapport, l’empreinte écologique du numérique. L’Arcep se penche dorénavant dessus comme d’autres entités. Il y a peu, des sénateurs avaient déjà rendu un rapport en ce sens.
Pour le moment, ce volet est surtout à son commencement et une grande partie des travaux reste à faire. Mais l’Arcep veut en faire un nouveau chapitre de la régulation et travaille en ce sens avec l’Ademe, l’agence de la transition écologique.
Si l’Arcep s’y penchera au cours de ses prochains rapports, elle souhaite également une mobilisation de tous les acteurs. Elle imagine ainsi plus d’informations concernant la pollution liée aux terminaux vendus au grand public et souhaite indiquer plus clairement la consommation des téléphones, tablettes, box ou encore décodeurs des opérateurs.
> Retrouvez le rapport complet de 100 pages sur le site de l’Arcep
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