TikTok : une ancienne modératrice porte plainte contre la plateforme pour ne pas avoir été assez protégée

Une ancienne modératrice de contenus de TikTok a décidé de porter plainte contre la plateforme. Elle affirmre que ByteDance, la maison-mère, ne fournit pas suffisamment de moyens pour protéger la santé mentale des modérateurs.

Plusieurs millions de contenus sont publiés chaque jour sur les réseaux sociaux. Et pour éviter de tomber sur des contenus violents ou à caractère pornographique, les plateformes emploient un grand nombre de modérateurs de contenus. Ces derniers sont chargés de regarder des centaines de vidéos chaque jour afin de supprimer les contenus ne respectant pas les conditions d’utilisation.

C’était notamment le travail de Candie Frazier, une ancienne modératrice de TikTok qui a avoué passer 12 heures par jour à regarder des vidéos publiées sur le réseau social chinois. Elle était employée par une entreprise tierce appelée Telus International, et a affirmé avoir regardé « des milliers d’actes d’extrême violence et de contenus explicites » dont des fusillades, des viols d’enfants, des mutilations d’animaux, du cannibalisme ou encore des génocides.

Des conditions de travail très difficiles

Ce métier est souvent considéré comme l’un des métiers les plus durs du monde, car certaines vidéos peuvent laisser de profondes séquelles mentales. C’est d’ailleurs pour cela que Candie Frazier a décidé la semaine dernière de porter plainte contre TikTok pour ne pas assez mettre en place de mesures pour assurer la santé mentale de ses modérateurs, comme le rapporte Gizmodo.

Dans sa plainte déposée au Tribunal de district central de Californie, Candie Frazier affirme que les conditions de travail sont extrêmement difficiles pour les 10 000 modérateurs de TikTok. Elle explique que pour pouvoir analyser le volume important de contenus publiés sur TikTok, ils doivent regarder entre 3 et 10 vidéos simultanément, et toutes les 25 secondes de nouvelles vidéos sont chargées. De plus, les modérateurs n’ont droit qu’à 15 minutes de pause durant leurs quatre premières heures de travail, puis 15 minutes de plus toutes les deux heures travaillées.

Dans le procès, l’ancienne modératrice dénonce aussi le suivi très strict mené par ByteDance, en avançant que les modérateurs sont « sévèrement punis » lorsqu’ils prennent une pause plutôt que de regarder des vidéos explicites.

TikTok ne remplit pas les standards de l’industrie

Candie Frazier indique aussi que TikTok et ses partenaires ne rencontrent pas les standards de l’industrie concernant la prévention des risques liés au métier de modérateur de contenus. Ces standards instaurent des pauses plus fréquentes, un suivi psychologique, et des protections techniques comme le floutage ou la baisse de qualité d’une vidéo explicite. Et Tiktok ne propose aucune de ces solutions à ses modérateurs, selon Candie Frazier.

L’ancienne modératrice indique souffrir de « traumatismes psychologiques sévères dont la dépression et des symptômes associés à de l’anxiété et des EPST (états de stress post-traumatiques) ». Elle rencontre aussi de grandes difficultés à dormir la nuit, en raison de violents cauchemars réguliers causés par les violentes vidéos visionnées chaque jour.

La plainte déposée par Candie Frazier est en ligne avec d’autres plaintes déposées par des modérateurs d’autres plateformes comme Facebook et YouTube.

TikTok réagit face à la plainte

Il y a quelques jours, Hilary McQuaide, porte-parole de TikTok, s’est exprimée face à la plainte déposée par Candie Frazier dans une déclaration communiquée à The Verge. Elle avance que :

« Bien que nous ne commentions pas les litiges en cours, nous nous efforçons de promouvoir un environnement de travail bienveillant pour nos employés et nos entrepreneurs. […] Nous continuons à développer une gamme de services de bien-être pour que les modérateurs se sentent soutenus mentalement et émotionnellement.«