
Mise à jour à 15h50 : Le plan a été validé par le tribunal des activités économiques de Paris
Début 2024, après de longs mois de négociations, Altice France obtenait un accord de ses créanciers, parmi lesquels BlackRock, Pimco ou Fidelity, pour ramener sa dette de 24,1 à 15,5 milliards d’euros. En échange, ces investisseurs devaient entrer au capital à hauteur de 45 %, laissant à Patrick Drahi la majorité avec 55 %.
Mais pour donner un caractère légal à cet accord, le groupe a sollicité une procédure de sauvegarde accélérée. Celle-ci devait être une formalité. Pourtant, l’audience du 22 juillet a fait voler en éclats cette certitude.
Trois filiales dans le viseur du parquet
Le parquet a certes soutenu la mise en œuvre du plan, mais en a contesté l’étendue. Il a exigé l’exclusion de trois entités clés : SFR SA, SFR Fibre et Completel. Ces filiales, essentielles à l’activité du groupe, ne devraient pas, selon le procureur, porter la garantie d’une dette qui ne relève pas directement de leur activité.
Les syndicats de SFR, notamment l’UNSA, ont applaudi cette position. Pour leur représentant, Abdelkader Choukrane, l’accord financier cache en réalité une volonté de démanteler le groupe, avec à la clé des risques sociaux majeurs pour les 8 000 salariés de l’opérateur.
En cas de validation partielle ou de rejet du plan, Patrick Drahi et ses partenaires devront revoir leur stratégie. De plus, même si le tribunal accepte le projet dans son intégralité, un appel du comité social et économique central ou du parquet (ce dernier ayant un effet suspensif) pourrait en retarder considérablement l’application.
Une restructuration déterminante pour l’ensemble du secteur
Au-delà des frontières d’Altice, c’est toute l’industrie télécom qui scrute cette décision. Orange, Bouygues Telecom et Free discutent en coulisses d’un éventuel rachat de SFR, dans l’objectif de ramener le marché français à trois opérateurs majeurs. Ces pourparlers pourraient déboucher sur une offre conjointe, à condition que le plan de désendettement d’Altice soit validé.
La directrice générale d’Orange, Christel Heydemann, a rappelé l’importance de cette étape dans la perspective d’une consolidation. Un point de vue partagé par Olivier Roussat, patron de Bouygues, qui a souligné les bénéfices économiques d’un marché partagé en trois plutôt qu’en quatre.