Altice : 1 milliard investis dans les contenus, RMC Sport toujours pas signé chez les autres opérateurs

Au cours d’une entrevue avec le journal Les Echos, Alain Weill, PDG d’ Altice France, est revenu sur la stratégie d’acquisition de contenus du groupe aussi bien au niveau du foot, du cinéma ou de la télé en général.

Avant de parler plus en détail de cette stratégie, il revient sur deux autres axes majeurs pour l’opérateur au carré rouge : il souligne que SFR est l’opérateur qui a le plus recruté durant le premier trimestre de cette année, le tout après avoir perdu plus d’un million de clients depuis 2015. Ensuite, il revient sur les investissements sur les réseaux qui sont la priorité du groupe. SFR aujourd’hui, c’est 30% du secteur télécom en France mais moins de 10% du secteur des médias et l’opérateur souhaite compter pour au moins 30% de ce secteur à l’avenir, c’est pourquoi ils ont déjà investi 1 milliard d’euros dedans, soit plus que TF1 qui est pourtant un groupe audiovisuel mais qui est là depuis une trentaine d’années.

Alain Weill revient plus en détail sur cette stratégie des contenus. Pour un opérateur c’est important d’en proposer afin de se diversifier mais aussi d’être moins dépendants de services de tiers. A titre d’exemple, les gros éditeurs, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), sont responsables de près de 80% du trafic de nos jours, ce qui d’ailleurs entraîne forcément un problème de neutralité du net, Weill se demande pourquoi certains profiteraient des réseaux sans que cela ne rapporte aux opérateurs. En revanche, plus question d’achats tous azimuts : il n’y a pas eu d’enchère de leur part pour les droits de la ligue 1 et ils cherchent également à adosser Altice Studio à un concurrent, Orange serait notamment intéressé.

La stratégie serait donc plutôt vers le partenariat, Altice Studio avec Orange par exemple, la reprise de Media Pro qui a acquis les droits de la Ligue 1 pour proposer 100% du foot avec RMC Sport, BeIn Sport et cette chaîne espagnole mais aussi proposer RMC Sport au plus grand nombre. RMC Sport a été lancée le 3 juillet, le bouquet consacré aux sports est disponible sur SFR et également en OTT mais il est prévu qu’à terme, les autres opérateurs le reprennent mais les discussions sont toujours en cours, il espère que cela aboutira avant la reprise du foot fin août.

Enfin, le PDG revient sur les investissements sur les réseaux en précisant qu’ils veulent transformer les prises câbles en prise fibre mais que pour cela, ils sont plutôt freinés par le gouvernement et le fait qu’il faille demander à chaque copropriété un accord pour réaliser les travaux rend la tâche longue et fastidieuse : la copropriété doit se réunir en assemblée générale, voter et ensuite le déploiement peut commencer et si cette AG est prévue pour 6-8 mois plus tard, c’est autant de temps perdu à ne pas déployer le réseau alors que les copropriétaires sont en général d’accord vu que tout est déjà présent à l’intérieur du bâtiment. Des problèmes qui n’existent pas dans beaucoup d’autres pays à ce niveau selon Alain Weil.

D’autres choses n’existent pas ou différemment dans d’autres pays et pour d’autres secteurs : la chronologie des médias par exemple. En France, un film ne peut pas être repris par une plateforme de SVOD comme Netflix avant 3 ans après sa sortie en salles et les pubs ciblées qui existent sur internet mais qui sont interdites à la télé. Il souhaite donc que le gouvernement fasse évoluer sur les règles sur le sujet afin de voir émerger des « GAFA » européens.

Pour finir, Weill indique que SFR n’est absolument pas à vendre mais que si une consolidation du marché avait lieu, poussée par les deux plus petits acteurs du secteur que sont Free et Bouygues Telecom, ils en ressortiraient grandis et plus forts qu’avant.