
Dans une circulaire datée du 25 juillet 2025 repérée par Next, le Premier ministre François Bayrou appelle à une adoption massive de Tchap par tous les services de l’État. Cette décision survient dans un contexte d’intensification des cyberattaques visant les infrastructures publiques, comme en mars dernier où 800 sites administratifs ont été la cible d’un assaut sans précédent attribué à des hackers pro-russes.
Le texte souligne que l’utilisation d’applications étrangères comme WhatsApp, Signal ou Telegram expose les communications à des risques d’ingérence. En ligne de mire : les législations extraterritoriales telles que le Cloud Act américain, qui permettent l’accès aux données par les autorités de Washington, même lorsqu’elles sont hébergées hors des États-Unis.
Tchap, un outil taillé pour l’État
Développée dès 2019 par la Direction interministérielle du numérique (Dinum), Tchap repose sur le protocole Matrix, garantissant un chiffrement de bout en bout. L’application est hébergée sur le cloud du ministère de l’Intérieur, et répond aux exigences de sécurité fixées par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information).
Tchap offre des fonctionnalités similaires aux messageries classiques : discussions individuelles ou de groupe, canaux thématiques ouverts, annuaire intégré, et compatibilité multi-plateformes (smartphones, tablettes, ordinateurs). Surtout, elle permet l’invitation sécurisée de partenaires extérieurs, un atout pour les missions transversales.
Une adoption encore incomplète
Malgré les efforts déployés depuis son lancement, Tchap ne compte actuellement que 300 000 utilisateurs réguliers, soit une fraction des 5,8 millions d’agents publics. Pour accélérer le mouvement, la circulaire confie à la DINUM une triple mission : faciliter l’adoption de Tchap, accompagner son déploiement sur le terrain, et maintenir un haut niveau de sécurisation de l’outil.
Des améliorations ont été apportées ces derniers mois à l’ergonomie et aux performances de l’application, afin de séduire les services publics encore réticents à abandonner leurs outils habituels.
Olvid reléguée au second plan
Si l’État autorise toujours l’usage d’Olvid, autre messagerie française certifiée par l’ANSSI, c’est désormais Tchap qui doit être privilégiée, notamment pour tous les échanges internes à l’administration. La nouvelle directive vient remplacer celle de novembre 2023, signée par l’ex-Première ministre Élisabeth Borne, qui poussait les cabinets ministériels à adopter Olvid dans un délai très court.
Contrairement à Tchap, Olvid n’a pas été conçue spécifiquement pour la fonction publique, bien qu’elle soit reconnue pour son haut niveau de sécurité. Disponible au grand public, elle propose en outre une version payante destinée aux entreprises.