Huawei ne sera pas totalement banni du territoire
Alors que l’Anssi devait rendre son rapport concernant les antennes soumises par les opérateurs en début d’année, ceux-ci ne savent toujours pas ce qu’il en est mais l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information promet déjà que Huawei ne sera pas totalement banni.
L’Anssi devait rendre son rapport concernant les antennes autorisées sur le territoire français en début d’année mais la publication de celui-ci a pris du retard et les opérateurs ne savent toujours pas comment ils pourront utiliser le matériel de l’équipementier chinois à l’avenir.
Pour Guillaume Poupard, DG de l’Anssi, tous les risques ne se valent pas lorsqu’il est question de sécurité nationale. Ainsi, il indique dans une interview aux Echos que « nous sommes prudents vis-à-vis des équipementiers non européens » peu importe leur origine mais pour lui « il est clair que l’on n’est pas dans les mêmes risques quand on parle d’équipements chinois ou américains ».
L’Agence se montre donc beaucoup plus prudente lorsqu’il s’agit d’un équipementier qui serait plus ou moins en lien avec Pékin qu’avec Washington. Il refuse à dire que cela vise tel équipementier ou tel pays en indiquant que « ce n’est pas un procès d’intention que l’on fait à telle entreprise ou tel pays. La question, c’est juste celle de la souveraineté ».
Concernant la réponse ferme et définitive à propos de Huawei, celle-ci devrait bientôt arriver si on le croit. Tout serait déjà prêt, même les décisions, elles n’ont plus qu’à être signées avant d’être notifiées aux opérateurs. Cependant Guillaume Poupard n’hésite pas à prévenir qu’il y aura « des refus ». Et si les opérateurs n’ont pas reçu de réponse d’ici la semaine prochaine, ça sera un refus dans tous les cas.
Mais ces refus ne concerneront pas Nokia ni Ericsson. Huawei est donc bien ciblé mais il réfute là encore toute tentative de viser spécifiquement la firme de Shenzhen : « nous ne sommes pas dans du Huawei bashing , ni dans du racisme anti-chinois. Nous disons juste que le risque n’est pas le même avec des équipementiers européens, qu’avec des non-européens. Il ne faut pas se mentir. Pour autant, nous avons de bonnes relations avec Huawei, c’est une belle boîte ».
Il faut dire que l’équipementier a créé plusieurs centaines d’emplois en France et souhaitait ouvrir une usine dans l’Hexagone avec un investissement de près de 250 millions d’euros avec la création de plusieurs centaines d’emplois à la clé à nouveau, il faut donc préserver les bonnes relations avec l’entreprise. Surtout quand Nokia va se séparer d’une partie de ses emplois en France.
Du point de vue économique de la chose, l’Anssi ne souhaite pas étouffer les opérateurs et ceux-ci ne mettront pas la clé sous la porte, une décision devra être prise pour rendre la chose abordable puisque les opérateurs devront également changer les anciennes antennes Huawei s’ils désirent passer commande auprès d’un autre fournisseur.
Guillaume Poupard ajoute qu’il n’y aura pas « un bannissement total » de l’équipementier mais il est encore trop tôt pour savoir quelle sera la proportion de territoire qui ne pourra pas voir d’antennes du chinois. Pour Bouygues Telecom et SFR, il y a aura des autorisations limitées dans le temps, entre 3 et 8 ans selon les cas et très certainement l’emplacement. L’autorisation pourra être prorogée mais les opérateurs auront toujours cette épée de Damoclès au dessus de la tête.
L’antenne aujourd’hui autorisée pour 3 ans pourrait ne pas être prolongée en 2023 et l’opérateur devra donc débourser à nouveau de l’argent pour remettre une nouvelle antenne. Mais l’Anssi ne surveillera pas si l’équipement est bien désinstallé à l’issue de l’autorisation jugeant que ce n’est pas son rôle mais soit l’Agence, soit l’Arcep (le régulateur des télécoms) soit un concurrent finira bien par voir que l’antenne en question ne devrait pas être là.
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