Les géants de la tech font transiter une grande quantité de données dans les tuyaux des opérateurs et ces derniers souhaiteraient que les entreprises mettent la main à la poche.
55% du trafic internet provient aujourd’hui de Google (dont YouTube), Facebook, Netflix, Apple, Amazon et Microsoft et cela pèserait lourd sur les opérateurs de télécommunications européens, selon une étude d’Axon commandée par l’Association des opérateurs européens de télécommunications (ETNO).
Un trafic qui coûterait de 15 à 28 milliards d’euros par an
Cette charge de trafic coûterait aux opérateurs entre 15 et 28 milliards d’euros par an, d’après le Financial Times (FT). Une manne importante d’autant plus que selon l’ETNO, si les géants de la tech passaient à la caisse à hauteur de 20 milliards d’euros par an, cela permettrait d’embaucher quelques 840 000 personnes supplémentaires d’ici à 2025. Cela ferait aussi baisser la consommation énergétique du secteur, grâce à des investissements accrus dans la fibre et la 5G.
Aujourd’hui, les grandes plateformes ne paient pas directement les opérateurs pour atteindre les clients finals. Les opérateurs sont rémunérés par ces clients pour accéder aux réseaux, dont les plateformes et les géants de la tech investissent tout de même dans les infrastructures comme avec les câbles sous-marins, en payant des liens de peering ou via l’installation de CDN par exemple.
Mais les opérateurs considèrent que les GAFAM doivent mettre la main à la poche pour « contribuer également de manière équitable aux coûts du réseau » puisqu’ils se font de l’argent grâce aux réseaux déployés par les opérateurs.
Une demande régulière de la part des opérateurs
Ce n’est pas la première fois que les opérateurs réclament de l’argent aux géants de la tech pour cette utilisation. En février dernier, des opérateurs européens – dont Orange – avaient lancé un appel pour que les plateformes contribuent aux coûts des infrastructures.
Les opérateurs espèrent que les législateurs européens se joindront à leur cause. D’après le Financial Times, ils jugent que la déclaration sur les droits numériques indique que « tous les acteurs du marché bénéficiant de la transformation numérique [devraient] apporter une contribution juste et proportionnée aux coûts des biens, services et infrastructures publics ».
Margrethe Vestager répond déjà
La réponse de l’Europe n’a pas tardé suite à la publication de ce rapport par l’ETNO. Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, a ainsi pris la parole au cours d’une conférence ce lundi, d’après Reuters.
« Je pense qu’il y a une question que nous devons examiner avec beaucoup d’attention, et c’est la question de la contribution équitable aux réseaux de télécommunication […] nous voyons qu’il y a des acteurs qui génèrent beaucoup de trafic pour leur business mais qui n’ont pas contribué pour le faire transiter. Ils n’ont pas contribué à permettre des investissements dans les déploiements [et l’Europe] est dans un processus de compréhension du secteur pour voir comment cette contribution pourrait être mise en place ».