5G : Pour Xavier Niel, ce qui pollue le plus ce sont les terminaux

Alors que la 5G est souvent décriée pour son côté pollueur, Xavier Niel pense que ce qui pollue réellement, ce sont les terminaux et pas le réseau en lui-même.

La consommation des réseaux, et plus particulièrement du réseau mobile de cinquième génération, sont au cœur du débat en ce moment même. Pour les détracteurs, la 5G entraînera une consommation énergétique en hausse notamment à cause du rebond, ce que réfutent les opérateurs. La 5G va permettre une meilleure consommation. Il sera ainsi possible de faire passer beaucoup de données pour une consommation équivalente à la 4G.

Xavier Niel ne se dit pas inquiet par cette fronde anti-5G qui est surtout visible depuis le début de cette année et plus particulièrement depuis la période de confinement, comme il l’a confié aux Echos. En revanche, il est plus inquiet sur « l’image que cela renvoie de notre pays auprès des investisseurs étrangers ». Un discours qu’il avait déjà eu en juillet dernier lors de la présentation de la Freebox Pop.

Il juge que les raisons de ce rejet sont « souvent incompréhensibles » et l’homme d’affaire se sent « un peu chez les fous », mais il sait que les débats cesseront d’ici quelques mois comme ce fut le cas à l’époque avec la 4G ou encore la 3G auparavant.

Interrogé sur les peurs liées à ce nouveau standard, Xavier Niel pense que « cela relève du domaine de l’irrationnel » mais il estime toutefois qu’il ne faut pas « les balayer d’un revers de la main, cela ne fait qu’aggraver le problème ».

Pour le fondateur de Free, le problème se situe à un tout autre niveau que celui des antennes. Il faut dire que celles-ci vont rester en place 10-15 ans et ne seront changées que si elles tombent en panne ou sont détruites, comme ce fut le cas durant le confinement. Le vrai problème « ce sont nos smartphones et nos PC » qui sont eux changés bien plus régulièrement, entre 24 et 36 mois pour un smartphone en général. Mais cela veut dire que si une personne le change au bout de 4 ans, une autre le change dès la sortie du nouveau modèle, même si ce cas-là est à relativiser puisque le téléphone retourne sur le marché de l’occasion au final.

Fin de la subvention et de l’illimité ?

Est-ce là un appel pour la fin de la subvention des mobiles ? S’il mène une bataille contre ce système qu’il considère comme un crédit déguisé, il se veut dans cette entrevue un peu plus sur la réserve. « Une politique environnementale ambitieuse devrait, me semble-t-il, amener à repenser la consommation et le renouvellement de nos smartphones. C’est le seul véritable levier pour diminuer l’empreinte énergétique du secteur. » Avant d’ajouter « Toute politique qui viserait à promouvoir l’achat d’un nouveau terminal mobile alors que celui qu’on possède a encore quelques années de vie irait à contre-courant de la volonté de réduire l’empreinte énergétique du secteur ».

Il avoue donc à demi-mot que la subvention du mobile devrait cesser afin d’avoir un modèle plus vertueux d’un point de vue écologique, mais cela lui servirait également d’un point de vue du business.

Seul opérateur à proposer l’illimité sur le mobile depuis maintenant plusieurs années, et récemment rejoint par Orange avec son forfait le plus cher, Xavier Niel avoue que « le forfait illimité n’est pas le vrai problème. Nos réseaux ont une consommation d’énergie assez faible », il répond ainsi aux élus qui appelaient à la suppression de l’illimité sur le mobile afin de réduire la consommation des réseaux.

Un prétexte à une augmentation des tarifs ?

Chez Orange et Bouygues Telecom, les forfaits compatibles avec la 5G ont provoqué une augmentation respective de 5 et 10 euros par mois sur les forfaits de ces deux opérateurs, dans un contexte où les prix remontent en général depuis maintenant plusieurs mois sur le mobile et le fixe. Même le forfait Free intermédiaire qui est en promotion a vu son prix monter depuis son lancement, avec plus de gigas à la clé pour justifier la différence tarifaire.

Mais Xavier Niel fait monter le buzz avant la sortie de ses forfaits, prévue pour la fin de cette année voire un peu avant l’allumage de la 5G. « Attendez de voir nos offres ! » assure t-il aux journalistes des Echos.