La pollution liée au numérique fait débat
Le Sénat vient de rendre un rapport de 70 pages sur l’empreinte environnementale du numérique et a émis des propositions afin de réduire cette pollution qui pourrait représenter 7% des émissions de gaz à effet de serre (GES) selon le rapport.
Le numérique utilise beaucoup d’électricité pour fonctionner que ce soit du côté des serveurs pour stocker tous les contenus que du côté de l’utilisateur qui fait fonctionner son ordinateur, sa télévision ou son smartphone pour accéder à ses sites préférés.
Actuellement, le numérique est responsable de 3,7% des émissions de GES dans le monde en 2018 selon le rapport et 4,2% de la consommation mondiale d’énergie. Cette empreinte est composée à 44% à la fabrication des terminaux (serveurs, smartphones, box…) et 56% à leur utilisation.
Mais l’impact va un peu plus loin que le simple fait de la consommation d’électricité pour l’utilisation ou la construction puisque pour construire certains composants il est nécessaire d’utiliser des métaux peu recyclés ou dont l’extraction consomme beaucoup d’eau et d’énergies.
En France, l’industrie du numérique était responsable d’environ 2% du total des émissions de GES soit 15 millions de tonnes équivalent CO2. Ces émissions augmentent chaque année et pourraient atteindre les 6,7% en 2040 si les autres secteurs diminuent leur consommation et que rien n’est fait du côté du numérique. Bien supérieur aux 4,7% actuels du secteur aérien.
Il s’agit ici d’une supposition très pessimiste et sans réelle interrogation des acteurs français du secteur et en prenant plutôt une augmentation rectiligne (+60% en 20 ans) à la place d’une augmentation qui commencera à stagner d’ici quelques années.
Toujours dans notre contrée, l’impact des terminaux est encore plus grand qu’ailleurs puisque nous devons les importer depuis l’Asie, ce qui augmente encore les émissions. Pour les sénateurs, il faudrait limiter le renouvellement des téléphones alors qu’ils sont changés aujourd’hui en moyenne tous les 23 mois.
Pour cela, ils souhaitent revenir à une économie circulaire capable de réparer et de reconditionner les téléphones directement en France afin d’augmenter leur durée de vie mais ils omettent le fait que certains smartphones sont très durs à réparer ou que les pièces sont compliquées à se procurer hors circuits officiels parfois.
La construction des terminaux pèse à elle seule près de 70% de l’empreinte carbone en France et au total ils représentent 80% de la facture du numérique. Les centres de données représentent 14% et les réseaux des opérateurs 5%.
La question de la 5G
Les sénateurs mettent également en garde contre la 5G et demandent donc qu’une étude d’impact complète de ce nouveau réseau soit réalisée afin de connaître l’impact carbone de celui-ci. Ils s’inquiètent également du fait que l’arrivée de la 5G pourrait entraîner des changements de terminaux plus précocement de la part des utilisateurs, bien en dessous des 23 mois habituels.
Mais l’arrivée de la 5G se fera très progressivement sur l’ensemble du territoire, il ne sera pas pertinent pour certaines personnes de changer de smartphone tout de suite suivant leur lieu de villégiature, la 5G pourrait mettre du temps à arriver. Et cela sans prendre en compte le fait que la 5G devrait permettre de désengorger le réseau 4G et donc devrait donner du répit et ne pas inciter au changement rapide du téléphone.
Une cohorte de propositions
Afin de trouver des axes d’études pour améliorer l’impact du numérique, les sénateurs ont émis une série de proposition dont certaines auront sans doute du mal à passer tandis que d’autres demanderont du temps pour être mises en place mais elles sont en cours de déploiement.
Parmi ces propositions, on peut retrouver la numéro 15 qui veut faire interdire les forfaits avec données illimitées et rendrait obligatoire une tarification au prorata de ce qui est effectivement consommé. Le forfait pourrait au final être très onéreux pour une personne qui se connecterait souvent à internet en mobilité.
La proposition numéro 23 recommande d' »Atteindre les objectifs du plan France très haut débit pour améliorer la connectivité fibre, réseau le moins énergivore »
On retrouve également l’idée de l’introduction d’une taxe sur « les plus gros émetteurs de données, afin d’inciter à une injection plus raisonnable de données sur le réseau ». L’idée de bloquer des sites « non-éco-conçus » fait partie des propositions.
Mais d’autres propositions sont les bienvenues comme l’interdiction du lancement automatique des vidéos ou le scroll infini sur certains sites. De plus, ils engagent eux aussi à une réflexion de l’extinction des anciens réseaux mobiles pour laisser la place à la 5G. Éteindre la 3G pourrait être envisageable à terme. Il pourrait également être intéressant de se pencher sur le fait de n’utiliser qu’un seul réseau 2G sur le territoire qui serait partagé entre tous les opérateurs.
D’autres axes de réflexion sont donnés comme l’affichage systématique des impacts environnementaux des terminaux ainsi que des usages ou former les plus jeunes à de meilleurs usages.
Un rapport à charge
Si le rapport mentionne bien les points négatifs du numérique en prenant en compte toute la ligne, de la production en dehors de la France jusqu’à l’utilisation du téléphone par l’utilisateur final, il intègre assez peu les apports du numérique sur d’autres sources de pollution, renvoyant à d’autres études à mener dans le futur notamment concernant le télétravail qui réduirait les déplacements d’un grand nombre de personnes mais il mentionne le fait que cela pourrait avoir quelques effets négatifs comme l’étalement urbain ou encore d’inciter les gens à prendre plus souvent la voiture du fait de routes désengorgées.
Mais les sénateurs reconnaissent que le fait que l’électricité française soit peu carbonée atténuera d’elle même l’empreinte carbone des réseaux même si la hausse est importante mais cela reste une spécificité bien française du fait du parc nucléaire. Et nos voisins ont souvent une intensité carbone 2 à 3 fois supérieure à la notre.
La France ne représente « que » 1% des émissions mondiales.
Soit, 0,037% pour cet impact « numérique ».
Où est le problème? Créer (encore) une taxe dans le pays le plus taxé au monde ?
« Arrêtez d’emmerder les français » – Pompidou ou De Gaulle (j’ai un doute, lequel ?)
Est ce que le rapport relate leur propre consommation carbone ? Toutes les lumières inutiles sont-elles bien éteinte la nuit au Sénat ? Ne renouvellent-ils pas leurs smartphones tous les 2/3 ans ?
Quand à interdire les forfaits de data illimité, déjà ils sont souvent limités (même s’il y a des godets importants à 100 Go) et pas sûr qu’une facturation à l’usage ne fasse pas des exclusions du numérique.
Pour la désactivation de la lecture automatique des vidéos, Pour sur le principe… mais difficilement applicable pour des sites et hébergeurs situés à l’étranger.
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