Fibre : La sous-traitance à l’origine de beaucoup de ratés dans les déploiements
L’année 2020 a été une année record pour les déploiements de la fibre avec plus de 5 millions de logements raccordés, mais le nombre de plaintes concernant ces raccordements a aussi considérablement augmenté.
La France a été championne d’Europe des déploiements fibre l’an dernier. Les différents acteurs de la filière se sont réjouis des quelques 5 millions de prises raccordées malgré le premier confinement qui a été le plus strict. De bons chiffres mais qui cachent en réalité beaucoup de malfaçons.
Ainsi, l’an dernier, 75% des raccordements effectués en mode STOC (sous-traitance opérateur commercial) présentaient des défauts selon l’Avicca. Pour le Doubs, ce sont ainsi 800 plaintes qui ont été remontées pour le réseau public du département, selon La Gazette des communes.
A l’origine pensé comme un dispositif exceptionnel, le mode STOC est depuis son autorisation il y a trois ans devenu très répandu mais il est à l’origine de beaucoup de mécontentements. Alors que l’opérateur d’infrastructure devrait fibrer les derniers mètres jusqu’à l’abonné, celui-ci est relié par l’opérateur commercial, chez qui l’offre est souscrite.
« Sur le principe, le mode STOC est déjà une aberration, puisque les OC se sont accordé le droit extravagant d’intervenir sur le réseau afin d’opérer le raccordement final, au nom de l’OI et de la collectivité territoriale, mais sans rendre compte. C’est un peu comme si le propriétaire d’une voiture s’octroyait le droit de poser des panneaux de signalisation et de faire des déviations où bon lui semble sur une autoroute » explique ainsi Jean-Louis Chauvin, directeur du syndicat mixte Doubs très haut débit à La Gazette.
Le problème est que les règles ne sont pas très bien respectées par l’opérateur qui fibre l’abonné. Il n’a parfois pas accès aux matériels de l’opérateur d’infrastructure et pour éviter un échec, il va tout faire pour poser sa fibre : forcer les armoires en les fracturant, débrancher un abonné pour en brancher un autre, fibrer sans ranger convenablement les câbles… Les anomalies remontées sont nombreuses et aussi le signe que l’opérateur qui fibre n’est pas celui qui va entretenir le réseau derrière.
Cela proviendrait du fait que la sous-traitance sous-traite (ou co-traite) parfois et le prix facturé est donc divisé entre tous les acteurs, déplorait ainsi auprès du journal Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca : « C’est aussi un manque de maîtrise de toute une chaîne de sous-traitance, avec des intervenants de rang trois ou quatre très mal payés. Lorsqu’un raccordement est facturé en moyenne 400 euros à une collectivité, on estime que le sous-traitant touche une cinquantaine d’euros. Et ce, uniquement si le raccordement fonctionne, ce qui explique que des clients déjà connectés soient débranchés pour en rebrancher de nouveaux ».
Le coût peut être énorme pour l’opérateur d’infrastructure qui va devoir intervenir pour remettre en ordre l’armoire, la faire réparer… et l’énervement peut grimper pour les abonnés qui se retrouvent coupés sans raison. Et parfois plusieurs fois.
Les opérateurs commencent à mettre leurs armoires sous contrôle, vidéo ou électrique mais de plus en plus, le recours du mode STOC va être interdit ou alors les opérateurs qui fibrent devront signaler en amont leurs interventions.
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