L’Arcep avec l’ADEME publient un rapport sur l’impact possible du numérique en 2030 et 2050
L’Arcep, en partenariat avec l’ADEME, a sorti un nouveau volet de son évaluation de l’empreinte environnementale du numérique. Elle vise à étudier l’empreinte carbone du secteur à horizon 2030 et 2050.
En août 2020, les ministres ont confié à l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) ainsi qu’à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) la mission de mesurer l’empreinte environnementale du numérique en France, ainsi que d’identifier des leviers d’actions et des bonnes pratiques pour réduire l’impact carbone. Après deux premiers volets publiés en 2022, les organismes publics viennent d’en sortir un troisième.
Ce troisième volet vise à étudier quels pourraient être les impacts du numérique sur l’environnement à horizon 2030 et 2050, mais surtout quelles sont les pistes pour réduire ce qui pourrait advenir si la trajectoire suivait son cours.
Impact à horizon 2030
Ainsi, pour 2030, le trafic de données serait multiplié par six et le nombre d’équipements augmenterait de 65% par rapport à 2020, notamment dû à l’essor des objets connectés dans notre quotidien, alors que nous en aurions 800 millions au total en France.
Selon les deux agences, l’empreinte carbone augmenterait d’environ 45% pour atteindre les 25 Mt CO2eq. La consommation de ressources abiotiques (métaux et minéraux) serait en hausse de 14%, tandis que la consommation électrique finale en phase d’usage augmenterait plus faiblement avec 5% supplémentaires (soit 54 TWh par an au total).
Il y aurait plus d’équipements à construire ainsi que plus de consommation dans les centres de données, si l’on en croit les analyses effectuées par l’Arcep et l’ADEME.
Impact à horizon 2050
A horizon 2050, le bilan serait plus lourd d’après le rapport. L’empreinte carbone triplerait par rapport à 2020. Si cela réduit l’empreinte d’autres secteurs comme la mobilité, cela aura un impact fort sur les ressources en électricité selon le rapport qui se base sur un scénario « pari réparateur », où la société parierait sur les technologies pour aller vers l’avant.
Au contraire, un autre scénario nommé « Génération frugale » conduirait à diviser l’empreinte carbone du numérique par deux par rapport à 2020. Ce scénario s’articule autour de cette thèse :
Des transformations importantes dans les façons de se déplacer, de se chauffer, de s’alimenter, d’acheter et d’utiliser des équipements, permettent d’atteindre la neutralité carbone sans impliquer de technologies de captage et stockage de carbone, non éprouvées et incertaines à grande échelle De nouvelles attentes des consommateurs, mais surtout de nouvelles pratiques s’expriment rapidement dans les modes de consommation. La croissance de la demande énergétique qui épuise les ressources et dégrade l’environnement s’interrompt, grâce à des innovations comportementales, organisationnelles et technologiques. La transition est conduite principalement grâce à la frugalité par la contrainte et par la sobriété.
La disponibilité des métaux
Outre l’empreinte carbone, la disponibilité des métaux à l’avenir est également interrogée. Ils sont utilisés pour fabriquer les téléphones, les tablettes, les box internet ou tous les autres objets connectés.
L’un des leviers ainsi étudié serait de réduire le développement de nouveaux produits ou services numériques et une réduction où à défaut une stabilisation du nombre d’équipements, le tout accompagné d’un allongement de la durée d’utilisation de ces terminaux.
En y intégrant l’écoconception dans les produits, l’impact pourrait diminuer d’environ 16% d’ici 2030.
Ce troisième volet de l’étude conduite par l’ADEME et l’ARCEP, chiffré et concret, doit nous interpeller fortement. Si nous ne changeons rien, si nous laissons les tendances actuelles se prolonger, l’impact environnemental pourrait très fortement augmenter : + 45 % d’ici à 2030. La puissance publique, européenne et nationale, fait pression pour exiger un changement radical en matière d’écoconception, de durée de garantie et de réparabilité de la part des fabricants et des distributeurs. Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour préserver une planète vivable à nos enfants et petits-enfants. Nous n’avons ni le choix, ni le droit de l’inertie et de l’inaction, dans le numérique comme dans les autres secteurs. Notre société doit prendre deux tournants majeurs : la transition écologique et la transition numérique, il est impératif de les mener toutes les deux conjointement.
Jean-Noël Barrot, ministre de la transition énergétique et des télécommunications
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