Le Syane réagit aux propos de Jean-Noël Barrot, ministre délégué aux télécommunications

Lors d’une déclaration, Jean-Noël Barrot a notamment égratigné le réseau haut-savoyard Syane. Le président de ce réseau public a tenu à réagir face à ces propos qui mettent en cause sa viabilité.

En février dernier, le Syane avait lancé une opération coup de poing pour faire réagir face aux dégradations subies sur le réseau en fibre optique. Une situation qui n’est pas unique en son genre et qui se retrouve un peu partout en France.

Mais Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécoms, a mis en cause la qualité de l’infrastructure, ce qui a fait réagit le président du Syane, Joël Baud-Grasset.

Des propos « insupportables » pour le président du Syane

« Je ne peux laisser dire que le réseau du Syane est de mauvaise qualité et serait la cause principale des dysfonctionnements constatés aujourd’hui par les usagers » commence Joël Baud-Grasset en réponse directe aux propos du ministre délégué.

Le président du syndicat continue en affirmant que ces propos ne sont pas seulement inhérents au réseau public de Haute-Savoie mais que cela se retrouve effectivement partout en France. Des remontées des différents territoires tendent d’ailleurs à le confirmer, comme à Paris-Saclay où l’agglomération a saisi la justice puis poursuivi l’Arcep, le régulateur des télécoms, devant le Conseil d’Etat face au mauvais état du réseau. Même le gendarme des télécoms a fait état des dégradations sur les réseaux en fibre optique sur tous les territoires.

Mais surtout, selon Joël Baud-Grasset, le Syane serait un très bon réseau. Sur les 599 points de mutualisation que compte le réseau d’initiative publique, seuls six points doivent être repris ce qui démontrerait « la très bonne qualité générale du réseau d’initiative publique ».

De plus, ces dégradations ne se constateraient que sur le réseau FTTH et celui à destination des entreprises (FTTO) n’est pas impacté par ces dégradation, ce qui tendrait là aussi à prouver que le mode STOC (déploiement fait par l’opérateur commercial et non pas l’opérateur d’infrastructure) serait bien le problème à ces dégradations pour le président du Syane.

Il apparaît dès lors que la déclaration de Jean-Noël Barrot est « insupportable » vis à vis du travail des élus mais aussi des personnes qui se sont investies pour le plan France Très Haut Débit à travers toute la France depuis 2010.

Joël Baud-Grasset se réjouit du vote de la proposition de loi de Patrick Chaize malgré les oppositions du gouvernement et qui vise « la source principale des coupures et échecs de raccordement : la sous-traitance sauvage organisée par le mode STOC », ce qui devrait « responsabiliser les opérateurs ». Il invite également le ministre à se rendre sur le terrain afin « qu’il se rende compte de la réalité du terrain ».

Les raccordements effectués par les opérateurs commerciaux et leurs sous–traitants deviennent une véritable jungle à cause des souplesses du mode STOC. Détérioration des équipements, brassage inextricable, non–respect des routes optiques, locaux abimés et laissés ouverts, dépôts sauvages de déchets dans les shelters, abonnés débranchés au profit d’autres… la liste des malfaçons ne cesse de s’allonger pour un coût de réparation estimé à 12,5 millions d’euros. Cette situation est inadmissible et s’apparente à un véritable gâchis d’argent public. Certes, les opérateurs ont pu prendre des engagements, mais force est de constater qu’aucune amélioration ne se fait ressentir aujourd’hui.

Cyril Pellevat, sénateur de la Haute-Savoie