Centres de données : le délégué marseillais à la transition écologique demande un moratoire et provoque un tollé
Fin août, l’adjoint au maire de Marseille et délégué à la transition écologique Sébastien Barles s’est fendu d’une tribune pour demander un moratoire sur les centres de données, mais il a reçu de vives critiques de la part des spécialistes du domaine.
Dans une longue tribune publiée sur Libération, Sébastien Barles revient sur les centres de données alors que la ville, dont il est l’élu, est maintenant l’un des principaux hubs de câbles sous-marins au monde. Et à ce titre, elle accueille donc de nombreux data centers.
Des externalités non prises en compte
Mais pour l’élu marseillais, ces centres de données poseraient de nombreux problèmes qu’ils soient spatiaux, énergétiques, environnementaux ou encore au niveau de l’emploi. Sébastien Barles demande donc à ce qu’une régulation du secteur soit mise en place afin de « réfléchir à une meilleure intégration urbaine, à une planification des infrastructures numériques et à de nouvelles solidarités énergétiques locales », et il souhaite également des taxes pour compenser les collectivités locales accueillant de tels centres.
Si personne ne peut nier l’augmentation de la consommation de données, des fichiers de plus en plus nombreux et de plus en plus volumineux à stocker avec le cloud, le streaming… il faut également se rendre à l’évidence, la consommation énergétique n’augmente pas pour autant et elle reste plutôt stable. Les disques durs sont de plus en plus gros, la consommation des machines diminue au fil des avancées… Autant d’éléments à prendre en compte dans le calcul.
Sébastien Barles s’étonne également du nombre d’emplois créés pour un centre de données et cite les 120 emplois créés pour les centres de données de la Courneuve et qui font 40 000 m². Certes, il n’est pas nécessaire d’avoir des milliers de personnes pour gérer un tel centre, mais le marseillais oublie tous les emplois créés par rapport à tout ce qui est hébergé dans les serveurs, que ce soit des sites web, des applications pour l’industrie, le domaine bancaire ou des tas d’autres métiers.
Peu d’artificialisation des sols
Ce qui ramène au foncier mais Marseille est assez spécifique étant donné qu’il s’agit du septième hub mondial pour les câbles sous-marins, et il y a très peu de villes qui sont impactées par ces centres au final. Les centres de données sont des industries au même titre qu’une usine d’un constructeur automobile par exemple, ce qui prendrait certainement encore plus de place. Et dans certains cas, ces data centers se situent dans d’anciens sites industriels, limitant de facto l’artificialisation des sols qui aurait lieu en les mettant ailleurs que dans des grandes villes.
Il est bon de rappeler que la France est une destination de choix pour faire tourner de telles installations, l’électricité étant très peu carbonée dans l’Hexagone. L’intensité carbone est ainsi 4 à 10 fois moins importante en France qu’en Espagne, en Italie ou encore en Grèce pour garder des pays en Méditerranée grâce au nucléaire. Au final, la France est donc une place de choix pour décarboner le secteur en ne changeant pas grand chose, secteur qui en plus servira lui-même à décarboner d’autres secteurs comme l’agriculture ou les transports.
Quoiqu’il en soit, la tribune de Sébastien Barles a provoqué un véritable tollé sur la toile avec de nombreuses critiques concernant les données de l’élu.
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