
Cette plainte, déposée en septembre dernier devant le tribunal de commerce de Paris selon L’informé, met en lumière une bataille acharnée autour des nouvelles technologies internet et des stratégies marketing agressives des opérateurs.
Un Wi-Fi 7 jugé trompeur
Lors de la présentation de la Freebox Ultra en janvier 2024, Xavier Niel, fondateur de Free, annonçait que son entreprise était la première au monde à proposer une box équipée du Wi-Fi 7. Cet argument a servi de levier marketing, notamment avec le slogan « Nouveau Wi-Fi 7, le meilleur des Wi-Fi ». Cependant, Bouygues Telecom conteste cette affirmation en soulignant que la Freebox Ultra et ses répéteurs Wi-Fi n’ont jamais obtenu la certification officielle Wi-Fi 7 délivrée par la Wi-Fi Alliance.
Le Wi-Fi 7 repose sur l’utilisation de trois bandes de fréquence, dont la bande des 6 GHz, essentielle pour maximiser les débits et éviter la congestion du réseau. Or, selon Bouygues, les équipements de Free ne gèrent pas l’ensemble de ces bandes, ce qui les empêcherait de répondre pleinement aux critères de cette nouvelle norme.
Une rivalité de longue date entre Bouygues et Free
Cette attaque judiciaire ne se limite pas au Wi-Fi 7. Bouygues Telecom reproche également à Free d’avoir dénigré ses concurrents lors du lancement de la Freebox Ultra. En janvier 2024, Xavier Niel avait ouvertement critiqué les autres opérateurs qui, selon lui, ne voyaient aucun intérêt à proposer du 10 Gb/s en fibre optique. Bouygues Telecom considère ces déclarations comme une atteinte à son image et un élément supplémentaire de la plainte déposée.
La réponse de Bouygues ne s’est pas fait attendre. Lors du lancement de sa propre box Wi-Fi 7, la Bbox Ultym WiFi 7, l’opérateur a souligné qu’elle était « véritablement certifiée », en lançant une pique directe à Free en évoquant un « Wi-Fi 7 partiel ailleurs ». Une manière de se démarquer et de regagner du terrain face à un concurrent souvent perçu comme disruptif.
Un enjeu stratégique pour les opérateurs
Au-delà de ce conflit judiciaire, cette bataille autour du Wi-Fi 7 s’inscrit dans une lutte plus large pour le leadership technologique sur le marché du très haut débit. Avec la disparition progressive de l’ADSL en France et la généralisation de la fibre optique, les opérateurs cherchent à séduire les consommateurs en proposant des services toujours plus performants.
Selon l’Arcep, fin septembre 2024, huit foyers sur dix étaient équipés de la fibre, et la facture moyenne des abonnés ne cesse d’augmenter (+5,5 % en un an, atteignant 36,80 euros par mois). Dans ce contexte, la course aux débits et aux nouvelles technologies, comme le Wi-Fi 7, devient un argument clé pour séduire les abonnés.
Pour l’instant, ni Bouygues Telecom ni Free n’ont officiellement commenté cette affaire. Le montant des dommages et intérêts demandés par Bouygues reste également inconnu.