Les Big Tech pourraient bientôt devoir contribuer au déploiement de la 5G en Europe

Une proposition vient d’être envoyée à la Commission européenne par la GSMA et l’ETNO pour faire participer les Big Tech au financement du déploiement de la 5G sur le Vieux Continent. Cela concernerait les entreprises qui représentent plus de 5% du trafic internet d’un opérateur télécoms.

Après le débat sur la participation au financement du déploiement des réseaux fibre en Europe, la question se pose désormais sur le financement du déploiement de la 5G. Suite à plusieurs interventions d’acteurs de la filière souvent en désaccord, la Commission européenne a décidé de lancer une consultation publique sur le financement des réseaux télécoms par les Big Tech en février.

Et alors que l’échéance pour envoyer les réponses prend fin aujourd’hui, on apprend que la GSMA et l’ETNO — organismes qui représentent 160 opérateurs européens dont Orange, TIM, Telefonica et Deutsche Telekom — ont envoyé une proposition à la Commission sur le financement du réseau 5G européen par les géants de la tech.

Un déficit d’investissement de 174 milliards d’euros

Le document publié ce vendredi enjoint les législateurs européens de prendre des mesures drastiques pour « assurer le leadership de l’UE en matière de connectivité au cours de la prochaine décennie ».

Selon les deux associations d’opérateurs, l’Europe est à un point d’inflexion. Un changement de politique est désormais nécessaire afin de créer les conditions propices au futur leadership européen en matière de connectivité et empêcher le continent de prendre encore plus de retard sur ses concurrents mondiaux, et ce « de toute urgence ».

Dans le texte, la GSMA explique que « l’Europe est affectée par un déficit d’investissement dans les réseaux d’au moins 174 milliards d’euros et les marchés des télécommunications sont trop fragmentés ». Elle ajoute que la relation entre les opérateurs télécoms et les grands générateurs de trafic est « déséquilibrée », une grosse partie du trafic ne provenant que d’une très mince partie des acteurs du web, ce qui entraîne « d’énormes coûts de réseau qui sont exclusivement supportés par les sociétés de télécommunications et leurs clients ». Une situation qui « entrave les investissements dans les futurs réseau ».

Google, Apple, Meta et Netflix pourraient passer à la caisse

Pour remédier à ce problème majeur, la GSMA et l’ETNO envisagent de faire participer les entreprises représentant des pointes à plus de 5% du tarif internet moyen sur le réseau d’un opérateur télécom au financement du déploiement de la 5G et du très haut débit à travers l’Europe. Une taxation qui concernerait alors Google, Apple, Meta (Facebook), Netflix, TikTok et bien d’autres encore, et qui aiderait les opérateurs à déployer leurs réseaux plus vite. Il faut dire que ces plateformes représentant à elles seules plus de la moitié du trafic internet mondial.

Mais l’objectif sera surtout de faire en sorte que l’Europe ne prenne pas de retard face à ses concurrents ailleurs dans le monde en matière de connectivité. Car au delà de fournir une bonne connexion internet aux habitants, le très haut débit fixe et mobile représente un enjeu économique majeur.

Le document repose sur quatre grands axes :

• Créer un véritable marché unique européen des télécommunications en simplifiant la réglementation, notamment en ce qui concerne la politique du spectre, la protection des consommateurs, la fiscalité et les cadres de sécurité harmonisés ;
• Développer l’échelle grâce à la consolidation du marché, comme tremplin pour un marché européen des télécommunications sain ;
• Introduire un mécanisme de contribution équitable qui permet des négociations équilibrées entre les opérateurs télécoms et les grands générateurs de trafic.

Un secteur des télécommunications fort est dans l’intérêt stratégique de l’Europe, car des réseaux sûrs et innovants sont l’épine dorsale de notre société. Cela nécessite un meilleur équilibre entre les puissants géants de la tech et les opérateurs télécoms européens, mais aussi une meilleure échelle du marché. Un changement de politique est nécessaire pour que nous puissions atteindre les objectifs de la décennie numérique de l’UE et accélérer la transition verte.

Lise Fuhr, directrice générale de l’ETNO