Patrick Drahi face à la remontée des taux

Pour construire son empire, Patrick Drahi s’est beaucoup endetté. Mais les taux remontent et la concurrence s’accentue, ce qui pourrait contraindre Altice à revendre certains actifs supplémentaires.

Patrick Drahi s’est reposé essentiellement sur la dette pour construire son empire des télécommunications et des médias ces dernières années. L’homme d’affaires avait, au plus fort de ses acquisitions, cumulé une dette de 50 milliards d’euros.

Une dette à rembourser sur une plus longue période

Mais ce qu’il a construit depuis toutes ces années commence à vaciller suite à la remontée des taux, alors que ses possessions ont perdu de la valeur et que la compétition est plus importante qu’auparavant. Cela pourrait le contraindre à revendre des actifs.

La situation actuelle rebat les cartes. Lors de ses acquisitions précédentes, Patrick Drahi pouvait compter sur des emprunts à bas coût, ce qui lui a permis de s’endetter un peu plus. Mais les taux remontent depuis l’an dernier, ce qui change la donne.

Il y a quelques jours, le magnat des télécoms a dû revoir ses obligations et il a prolongé les échéances d’environ 70% de 8,4 milliards de dollars de dettes détenues par Altice France (SFR, BFM…). Cela lui coûtera plus de 100 millions d’euros supplémentaires par an avant crédits d’impôts, d’après Bloomberg.

Il pourra ainsi souffler un peu, mais d’autres obstacles se dressent contre lui en ce moment. Les obligations et les prêts souscrits par Altice se négocient à des tarifs plus élevés, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.

Une situation délicate aux Etats-Unis

D’autant plus que les taux sont remontés quelques mois après l’abandon de la vente de Suddenlink. Une vente qui aurait pu rapporter jusqu’à 20 milliards de dollars à Altice et abaisser sa dette d’autant. Mais les offres reçues avaient été inférieures aux attentes, ce qui a fait capoter le projet.

Mais ce n’est pas le seul problème rencontré de l’autre côté de l’Atlantique. Altice USA est parti pour déployer la fibre, un projet très coûteux, surtout à court terme mais qui s’exprime à plus long terme. Cependant, le réseau très haut débit est menacé en partie par les réseaux sans fil, principalement dans les très grandes villes comme dans la métropole new-yorkaise, et Altice a perdu près de 120 000 clients internet pour l’année 2022.

Cela a fait chuter le cour de l’action puisque seule la partie européenne a été retirée de bourse il y a plusieurs mois.

La vente d’actifs

Après avoir vendu ses fibres et ses tours de télécommunication, Altice se dirigerait vers d’autres ventes. Le groupe envisage de revendre ses centres de données, ce qui pourrait lui rapporter au minimum un milliard d’euros.

Cependant, Patrick Drahi pourrait également voir pour revendre la société d’enchère Sotheby ou l’agence publicitaire Teads, comme le suggère Bloomberg. Des sociétés qui n’appartiennent pas à Altice mais directement à l’homme d’affaires. Il pourrait augmenter son capital en les vendant.