France Télécom multiplie les concessions pour mettre un terme aux suicides
France Télécom a multiplié mardi les concessions aux syndicats pour stopper la souffrance au travail, avec notamment l’annonce de recrutements et de l’arrêt des restructurations jusqu’à la fin de l’année, le jour même des obsèques d’un salarié qui s’est suicidé la semaine dernière, d’après l’AFP.
Lors d’une nouvelle séance de négociations sur le stress au travail, le directeur des ressources humaines Olivier Barberot a annoncé la suspension de toutes les restructurations jusqu’à la fin de l’année, a indiqué la direction. Cette mesure fait suite à l’annonce en septembre du gel des mobilités forcées de salariés, jusqu’à la même date.
Ces annonces surviennent après 25 suicides de salariés en moins de deux ans, et au lendemain de l’envoi d’un questionnaire sur le stress aux 102.000 salariés du groupe. Selon la direction, 20.000 personnes y avaient déjà répondu mardi à 16H00.
M. Barberot a également annoncé le recrutement de 380 personnes en CDI d’ici la fin de l’année « dans les métiers techniques et de la vente« , et « la réinternalisation d’activités jusqu’alors sous-traitées, correspondant à 1.000 poste à temps plein », a indiqué la direction.
Pour la CGT, il s’agit de « nouvelles avancées« , même si « la direction peut et doit aller plus loin« .
France Télécom a aussi annoncé « l’intégration d’au moins 50% de critères de performance collective dans le calcul de la part variable individuelle » du salaire de chaque salarié.
Un changement salué par Xavier Major (CFDT), pour qui « on était arrivé à une hypercompétition, qui n’est ni bonne pour le climat social, ni pour les clients« .
Pour Sandrine Leroy (FO), la suspension des restructurations est « une réelle avancée. Arrêter les mobilités, c’était plutôt une mesure individuelle, mais quand il y avait des restructurations, il y en avait quand même des mobilités« .
Mme Leroy s’est également félicitée de l’arrêt de l’affichage des « performances individualisées comparées« , sorte de tableau d’honneur qui était « source de stress« .
« France Télécom est sorti du coma artificiel« , a reconnu Patrice Diochet (CFTC), saluant « des avancées significatives« .
Les syndicats ont salué la volonté d’accélérer les négociations. Celles-ci ont cependant eu lieu en l’absence de Sud-PTT qui a décidé, -après la CFE-CGC la semaine dernière-, de quitter la séance, en dénonçant « une grande restructuration au 1er janvier 2010 » et en exigeant que Stéphane Richard participe lui-même aux pourparlers.
« On n’a pas l’impression qu’on négocie avec les bonnes personnes« , a dit Patrick Ackermann (Sud-PTT), évoquant « une situation qui manque de loyauté et de transparence« .
Les syndicats avaient appelé le personnel à « agir sous toutes les formes » mardi, en marge de cette séance de négociation, qui coïncidait avec les obsèques du salarié qui s’est suicidé jeudi à Lannion (Côtes-d’Armor).
Plusieurs centaines de personnes ont assisté à ces obsèques, au cours desquelles sa femme a évoqué « un homme brisé (…) aux espoirs toujours déçus par l’entreprise« .
Près de 700 salariés se sont rassemblés sur six sites des Bouches-du-Rhône. Ils étaient entre 200 et 300 personnes à Nantes, et 150 à Lyon. Une centaine ont défilé à Bordeaux, et à Chambéry, une centaine ont observé une minute de silence en hommage à leur collègue de Lannion. Même chose à Brest, où 300 à 350 salariés se sont réunis en assemblée générale.
A Clermont-Ferrand, les salariés ont débrayé. Des assemblées générales et des arrêts de travail « sauvages » ont également eu lieu en Midi-Pyrénées, ainsi qu’à Lille, Villeneuve d’Asq et Cambrai.
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