Philippe Le Grand déplore l’inertie politique autour des enjeux du numérique
Le climat politique actuel a fait que de nombreux débats se sont mis à l’arrêt, notamment ceux concernant les enjeux du numérique. Dans une interview avec Challenges, Philippe Le Grand, président d’InfraNum, déplore cette inertie politique et demande à ce qu’une « stratégie nationale » soit mise en œuvre.
La fibre continue de gagner du terrain en France avec 87% des locaux qui y sont raccordables à fin mars 2024, mais le rythme des déploiements ne cesse de ralentir depuis plus d’un an. Un constat qui inquiète de nombreux acteurs de la filière d’autant plus que le gouvernement ne semble pas tant s’en préoccuper.
En début de mois, Ariel Turpin, le directeur général de l’Avicca, affirmait qu’il manquait plusieurs milliards d’euros pour terminer le chantier dans le cadre du Plan France THD, qui prévoit de raccorder tous les locaux à la fibre d’ici fin 2025. Et ce mardi, Philippe Le Grand, le président d’InfraNum, montre à son tour son inquiétude face aux enjeux numériques du pays qui sont inexistants et craint que la France ne perde son statut de leader européen sur la fibre.
450 000 foyers seront privés de fibre optique en 2026
Entre les élections européennes puis les élections législatives anticipées qui se sont enchaînées, et avec le climat politique actuel qui en a découlé, les décisions politiques ont été gelées ces dernières semaines.
Philippe Le Grand regrette cette « inertie » qui impacte fortement les débats sur l’avenir numérique de la France et avance que Marina Ferrari, la nouvelle ministre chargée du Numérique nommée il y a à peine plus de quatre mois, « n’a pas eu le temps de s’imprégner des sujets importants ». Il ajoute qu’elle n’a pas pu agir pour ces raisons et qu’il regrette son prédécesseur, Jean-Noël Barrot, qui a été « très actif durant son mandat ». « Désormais, le flou le plus total sur la suite nous inquiète beaucoup » déplore-t-il dans son entretien avec Challenges.
Il faut dire que le plan France THD est fortement menacé avec le ralentissement des déploiements mais aussi la récente coupe budgétaire de plus de 150 millions d’euros du gouvernement qui aurait servi à aider les opérateurs d’infrastructures à déployer les prises les plus complexes, dont le prix peut atteindre 3 000 euros par unité. Selon le président d’InfraNum, 450 000 foyers vivant dans les zones les plus isolées n’auront jamais accès à la fibre optique si le gouvernement ne fait rien pour arranger la situation.
Des solutions pour éviter l’échec du plan France THD
Afin d’éviter cela, Philippe Le Grand propose de « créer une société d’investissement dédiée à ces zones de raccordements complexes » qui « serait adossée à un prélèvement de quelques centimes sur chaque ligne de fibre optique en France ». Cela permettrait de récolter 1,5 milliard d’euros au total qui seront utilisés pour financer le déploiement des prises les plus complexes.
« Nous travaillons sur le plan depuis plus d’un an et demi, à l’initiative de la Banque des territoire » et « avons obtenu l’aval de quasiment tous les opérateurs d’infrastructures et commerciaux » avance le président de la fondation. Mais certains acteurs « bloquent encore l’initiative » et « seule une décision politique » pourrait les encourager à s’y lancer selon lui.
Sans ce projet, les 450 000 foyers n’auront pas d’autres choix que de se tourner vers d’autres technologies d’accès internet moins rapide que la fibre, comme la 4G/5G ou le satellite, car on rappelle que le réseau ADSL sera totalement fermé d’ici 2030.
Il y a aussi la question de la résilience des réseaux qui est l’autre grande priorité de la fibre optique et Philippe Le Grand appelle le gouvernement à la prendre en compte au plus vite.
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