
Ce lundi 4 août 2025, l’Arcom a officiellement mis en demeure cinq sites pornographiques accessibles en France — Xnxx, Xvideos, Xhamster, Xhamsterlive et Tnaflix — pour leur manquement à l’obligation de vérification de l’âge de leurs utilisateurs. Malgré un premier avertissement envoyé le 11 juin sous forme de lettre d’observations, ces sites, hébergés à Chypre et en République tchèque, n’ont toujours pas instauré les dispositifs nécessaires.
Ils disposent désormais d’un ultimatum de trois semaines pour se conformer à la réglementation. À défaut, l’Arcom pourra engager une procédure de déréférencement, voire demander le blocage technique de ces plateformes en France.
Une obligation légale consolidée par le Conseil d’État
Cette mise en demeure s’inscrit dans un cadre juridique renforcé par la loi SREN de 2024, visant à réguler l’espace numérique et à mieux protéger les mineurs. En juillet, le Conseil d’État a rétabli l’arrêté ministériel imposant aux sites pour adultes de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, annulant une suspension prononcée un mois plus tôt par le tribunal administratif de Paris.
Depuis janvier, les sites pornographiques accessibles en France sont donc légalement tenus de filtrer l’accès aux mineurs à l’aide de mécanismes de vérification fiables.
Des plateformes récalcitrantes face à une régulation stricte
Le bras de fer entre l’Arcom et les sites pour adultes s’intensifie. Plusieurs plateformes contestent cette obligation, invoquant des risques pour la sécurité et la confidentialité des internautes. Pour répondre à ces préoccupations, l’Arcom a mis en place un référentiel technique reposant sur le principe du double anonymat : l’âge est vérifié sans que l’identité complète de l’utilisateur ne soit révélée ni à la plateforme ni au prestataire de vérification.
Malgré cela, le géant Aylo — maison mère de YouPorn, Pornhub et Redtube — a suspendu l’accès à ses sites en France dès juin, contestant la légitimité de la loi et défendant une vérification à l’échelle des appareils, via les systèmes d’exploitation.
Une exposition massive des mineurs au contenu X
L’enjeu de cette régulation est de taille : selon les données de l’Arcom, près de 40 % des enfants en France consultent chaque mois du contenu pornographique en ligne. En 2022, déjà 28 % des mineurs accédaient régulièrement à ces sites, une proportion en nette hausse sur cinq ans.
Pour l’Arcom, il ne s’agit donc pas seulement d’un combat juridique, mais d’un impératif de protection de la jeunesse face à une industrie qui échappe encore largement au contrôle national.
Vers des sanctions financières et un effacement numérique
En cas de non-conformité, la loi prévoit une sanction pécuniaire pouvant aller jusqu’à 250 000 euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial hors taxes, le montant le plus élevé étant retenu. Outre le blocage par les fournisseurs d’accès à Internet, les plateformes récalcitrantes risquent également d’être déréférencées des moteurs de recherche, les rendant invisibles pour la majorité des internautes.
Cependant, cette stratégie n’est pas infaillible : l’utilisation de VPN ou l’émergence de sites miroirs permettent encore à de nombreux utilisateurs de contourner les blocages.