
Proton pointe du doigt une révision de l’Ordonnance sur la surveillance de la correspondance par poste et télécommunications (OSCPT), présentée par le Conseil fédéral en janvier 2025. Ce texte obligerait les fournisseurs de services de communication (y compris les services chiffrés) à identifier tous leurs utilisateurs dès le seuil de 5 000 atteint, à conserver ces données pendant six mois après la fin du contrat, et à livrer les clés de chiffrement à la demande des autorités.
Les entreprises dépassant un million d’utilisateurs ou générant plus de 100 millions de francs suisses de chiffre d’affaires seraient en outre contraintes de maintenir des systèmes d’interception en temps réel et de répondre en continu aux demandes de l’État.
La fin d’un modèle suisse de confiance numérique ?
Cette orientation législative a suscité une levée de boucliers dans l’écosystème technologique suisse. Des acteurs majeurs comme Nym, Threema ou Proton dénoncent une rupture avec la tradition helvétique de neutralité et de respect de la vie privée, évoquant le risque d’introduire des failles systémiques exploitables par des tiers.
Installée à Genève depuis sa création en 2014, Proton a bâti sa réputation sur trois piliers : la législation suisse protectrice, le chiffrement de bout en bout et une politique stricte de non-conservation des logs. Aujourd’hui, si la société amorce un retrait de ses serveurs, elle insiste sur le maintien de ses engagements :
« Nous ne renonçons pas à défendre la vie privée en Suisse. Nos produits restent sécurisés grâce à leur conception même, qui ne dépend pas uniquement du cadre juridique. »
Proton à CyberInsider
Lumo, la toute dernière plateforme lancée par la firme, sera la première à migrer. Pour les autres services (Proton Mail, VPN, Drive et Pass), aucun calendrier n’a été communiqué à ce jour.
L’Allemagne, future terre d’accueil ?
Bien que la destination finale des infrastructures n’ait pas été précisée, l’Allemagne apparaît comme un choix logique. Elle offre une combinaison idéale : forte tradition de protection constitutionnelle de la vie privée, cadre légal conforme au RGPD, et proximité géographique avec la Suisse.
A voir sur le sujet, une vidéo de Christophe Boutry : Pourquoi Proton quitte la Suisse ? #10minutes pour comprendre