Facebook a-t-elle réellement donné aux autorités américaines les messages privés d’une adolescente qui a avorté ?
Une adolescente du Nebraska (Etats-Unis) fait face à des charges criminelles après avoir avorté. Les autorités ont obtenu les messages de la mineure après avoir fait une demande auprès de Facebook mais cela concernait une autre affaire à l’origine.
Facebook est pointé du doigt suite à ce qui s’apparente à de la divulgation de messages privés dans une affaire d’avortement qui serait illégal au regard de la loi dans l’état du Nebraska. Si les autorités ont bien eu accès aux messages de l’adolescente, l’accès par les autorités aux messages de la jeune fille ne concernaient pas ce point et il a été donné avant que la loi n’entre en vigueur.
Une enquête sur l’incinération et l’enterrement d’un fœtus
En juin dernier, le Nebraska a demandé à Facebook de lui fournir un accès aux messages d’une mineure de 17 ans pour une affaire d’incinération et d’enterrement illégaux d’un enfant mort-né. La demande a eu lieu le 7 juin soit avant la promulgation de la décision Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization.
Et l’affaire remonte même à un peu plus loin que ça. L’adolescente et sa mère ont été accusées d’avoir commis ces actes au cours du mois d’avril de cette année et les autorités ont alors demandé à avoir accès à la conversation entre l’adolescente et sa mère au début du mois de juin.
Les mandats pour avoir accès à la conversation ne mentionnaient à aucun moment un avortement selon Facebook qui a publié un communiqué ce mardi 9 août. Contraint par la justice, le réseau social a alors fourni à la police les messages que se sont envoyés la mère et l’adolescente, comme il l’aurait fait pour n’importe quelle autre affaire.
Dans la conversation, il a notamment été fait mention d’une pilule abortive et c’est là-dessus que la poursuite de l’enquête se fait. La jeune fille est maintenant poursuivie pour avoir avorté au-delà de 20 semaines de grossesse, la limite fixée par le Nebraska pour un avortement médicamenteux à l’époque des faits et qui n’a pas changé depuis la nouvelle loi.
Mais elle fait également face à d’autres chefs d’accusations : « avortement sans licence » « dissimulation de cadavre », « dissimulation de la mort d’une personne » ainsi que « fausse déclaration » selon Vice qui a également publié des captures d’écran des conversations.
L’affaire est donc beaucoup plus complexe qu’un simple avortement qui aurait été fait illégalement au regard du récent changement de législation outre-Atlantique.
L’importance du chiffrement de bout en bout
Messenger, contrairement à WhatsApp du même groupe, ne propose pas le chiffrement de bout en bout des conversations par défaut. Dès lors, il est facile d’accéder aux messages envoyés par le biais de la plateforme comme cela a été le cas dans cette affaire si rien n’a été activé.
Et si la jeune fille n’a pas été poursuivie pour l’avortement en premier lieu, cela peut interroger pour l’avenir surtout depuis la promulgation de cette loi anti-avortement.
Utiliser une application chiffrée permet d’éviter une partie du problème, même s’il restera toujours la possibilité d’accéder aux messages depuis le terminal d’origine qui pourrait se retrouver également saisi, mais cela rendra un peu plus difficile l’affaire.
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