Pay or Okay : 28 ONG exhortent l’Europe à rejeter le pass payant de Facebook
En fin d’année dernière, Meta introduisait un pass payant pour éviter le tracking publicitaire. Mais cette façon de faire ne passe pas et 28 organismes ont demandé à l’Europe de bannir ce genre de pratique.
Le traitement des données de Meta – maison mère de Facebook et Instagram – a été jugé illégal en juillet dernier. Pour se mettre en conformité avec le RGPD, la firme a eu l’idée de lancer un abonnement payant afin d’arrêter le tracking publicitaire.
Un suivi des données quasiment obligatoire
Ce « Pay or Okay » ne passe pas auprès de 28 organisations de défense des droits civils parmi lesquelles Noyb, Wikimedia Europe, Bits of Freedom ou encore le Conseil norvégien des consommateurs.
Elles estiment que le système mis en place par la firme de Mark Zuckerberg fait en sorte que les utilisateurs n’aient pas d’autres choix que d’accepter l’exploitation de leurs données. Pour le rejeter, il faudrait payer jusqu’à 251,88 euros, un coût prohibitif selon ces associations.
Un abonnement moins onéreux ne réglerait pas non plus le problème. Même face à une redevance de 1,99 euro, 99,9% des visiteurs acceptent le suivi.
Les organisations s’interrogent également sur les choix des différentes agences de protection des données qui jugent illégales les cases pré-cochées mais qui acceptent que le rejet soit payant, pour le moment.
Pour les organismes, si cette approche du paie ou soit suivi est légitimée, cela pourrait se répandre comme une traînée de poudre et elle serait ainsi appliquée à un plus grand nombre de sites web. En Allemagne par exemple, 30 des 100 plus grands sites web utilisent déjà cette méthode et cela pourrait donc encore grimper.
Une prise de position de l’Europe
Pour éviter la surenchère et laisser un « choix véritable ou libre » aux utilisateurs, les 28 organismes demandent à ce que les autorités chargées de la protection des données adoptent une position claire à ce sujet, comme elle l’a fait pour les cases pré-cochées par le passé.
Dans le cas où les autorités accepteraient ce système de « Pay or Okay », le coût pourrait vite devenir incontrôlables pour les européens. Avec 35 applications installées en moyenne sur le téléphone des gens, la redevance serait exorbitante. Pour une famille de quatre, cela reviendrait à 35 263,20 euros par an pour ne pas donner le consentement au traitement de leurs données. Inimaginable pour les familles.
Selon la législation européenne, les utilisateurs doivent disposer d’un « choix libre et véritable » lorsqu’ils acceptent d’être suivis à des fins de publicité personnalisée. En réalité, ils sont contraints de payer une redevance pour protéger leur droit fondamental à la vie privée.
Chaque mois, les utilisateurs ont affaire à des centaines de sites web, d’applications et d’entreprises. Tous pourraient simplement facturer des frais de confidentialité si vous n’acceptez pas que vos données soient collectées, partagées ou vendues. Si vous faites le calcul, cela représente des milliers d’euros par an
28 organisations de la société civile appellent maintenant les autorités à s’assurer que les droits fondamentaux ne deviennent pas une marchandise ou un bien de luxe. Il s’agit probablement de la décision la plus importante concernant les droits de l’UE en matière de protection de la vie privée depuis une décennie
Max Schrems, fondateur de NOYB
Les commentaires des actualités restent ouverts 30 jours après publication. Si vous avez une question, cherchez la page appropriée dans nos sections Mobile, Internet ou TV et postez un commentaire.