Facebook : l’affaire Haugen pourrait permettre de réguler les grandes plateformes
Une ancienne ingénieure de Facebook a fait de nombreuses révélations sur l’entreprise il y a quelques semaines, et cela pourrait bien amener les parlementaires américains à réguler davantage les réseaux sociaux.
La lanceuse d’alerte Frances Haugen, ancienne salariée chez Facebook, a fourni des documents internes au Wall Street Journal qui avait publié une série d’enquêtes. Elle accuse entre autre la plateforme de choisir le profit plutôt que la sécurité de ses utilisateurs, et dénonce aussi les effets néfastes de son application Instagram sur les adolescentes. Des effets dont le groupe avait parfaitement connaissance. L’ex-ingénieure de Facebook, qui a récemment été auditionnée par le Sénat américain, explique par ailleurs que la firme a reconfiguré ses algorithmes pour privilégier la croissance.
Et les révélations de Frances Haugen auraient créé un « momentum » pour réguler davantage les GAFA d’après certains parlementaires américains, comme le rapporte Les Echos. Les initiatives pour réguler les géants de la tech se multiplient et deux textes de loi sont actuellement en discussion. L’un porte sur la Section 230 tandis que l’autre porte sur l’interdiction des pratiques de self-preferencing.
Vers une réforme de la Section 230 ?
Un texte réformant la Section 230 devait être déposé vendredi à la Chambre des représentants. Cette section correspond à un passage de la législation américaine issu d’une loi votée en 1996 dont le texte intitulé Communications Decency Act est considéré comme un bouclier judiciaire pour les réseaux sociaux. Il les protège en effet en estimant que les plateformes hébergent simplement du contenu mais n’en sont pas responsables. Cela leur laisse donc beaucoup de facilité dans le retrait ou l’accès à certains contenus.
Et le projet de loi propose de lever cette fameuse Section 230 dans un cas précis. Si un contenu dégradant la santé physique ou mentale d’un utilisateur aura été poussé par les algorithmes d’un réseau social, alors ce dernier en sera tenu pour responsable. On pense ici aux révélations sur les effets d’Instagram chez les jeunes filles. Mais la réforme de la Section 230 pourrait s’avérer difficile en raison des tensions entre démocrates et républicains, ces derniers estimant que les plateformes sont du côté des démocrates. Ce que contestent pourtant les géants du web et les démocrates.
Un autre texte pour mettre fin au self-preferencing
Le Sénat américain travaille aussi sur un autre projet de loi qui vise à interdire le self-preferencing. Le projet a été présenté mi-octobre selon Les Echos, et veut mettre fin aux pratiques utilisées par les GAFA pour mettre en avant leurs propres produits et services au détriment de la concurrence. On pense ici à ce que fait Apple sur son App Store par exemple, ou encore aux pré-installations des navigateurs sur les smartphones (Google Chrome sur les Android).
Le Digital Markets Act européen doit encadrer ces pratiques et un autre texte adopté en juin par la commission judiciaire de la Chambre des représentants n’est toujours pas passé en séance plénière. Il reste donc du temps aux géants de la tech pour préparer leurs arguments.
Les commentaires des actualités restent ouverts 30 jours après publication. Si vous avez une question, cherchez la page appropriée dans nos sections Mobile, Internet ou TV et postez un commentaire.