Instagram ne protège pas les femmes contre les propos misogynes, selon une nouvelle étude
L’ONG Center for Countering Digital Hate (CCDH), qui lutte contre la désinformation en ligne, a publié un nouveau rapport édifiant dans lequel elle pointe du doigt les propos reçus par les femmes sur Instagram.
Le CCDH a travaillé avec cinq femmes totalisant 4,8 millions de followers sur Instagram, pour enquêter sur les abus envoyés par message direct (DM) sur l’application c’est-à-dire en privé.
Les conditions d’utilisation d’Instagram interdisent en principe les discours de haine y compris la misogynie, l’homophobie, le racisme, la nudité ou l’activité sexuelle, la violence ou encore les menaces. Pourtant, la nouvelle étude du CCDH a analysé environ 8700 messages directs (DM) envoyés aux participantes. Et parmi ces messages, un DM sur 15 enfreint les règles d’Instagram en matière d’abus et de harcèlement.
Instagram n’agit pas dans 9 cas sur 10
« nos recherches révèlent qu’Instagram échoue systématiquement à appliquer les sanctions appropriées et à éliminer ceux qui enfreignent ses règles«
Les chercheurs ont ainsi constaté 125 exemples d’abus sexuels basés sur l’image, tandis qu’une note vocale sur 7 envoyée aux femmes était abusive. De plus, Instagram permet à des inconnus d’envoyer des messages vocaux à des femmes qu’ils ne connaissent pas.
Et d’après l’enquête, l’application de partage de photos n’agit pas dans 9 cas sur 10 de messages privés abusifs signalés pourtant via ses propres outils.
Des problèmes à résoudre
C’est pourquoi les chercheurs ont identifié plusieurs problèmes qu’Instagram doit résoudre. D’abord, les utilisateurs ne peuvent pas signaler les messages vocaux abusifs que des comptes ont envoyé par DM. Ils doivent aussi accuser réception des messages dans le « vanish mode » c’est-à-dire le mode éphémère, pour les signaler.
Par ailleurs, Instagram ne prend pas automatiquement en compte les messages abusifs précédents. La fonction « mots cachés » du réseau social est quant à elle inefficace pour empêcher les abus, tandis que les utilisateurs peuvent avoir des difficultés à télécharger des preuves de messages abusifs.
Les recommandations du CCDH
« Votre inaction transmet un message clair : Instagram est davantage attaché à ses profits qu’à la sécurité des personnes qui utilisent son produit. »
L’organisation non gouvernementale recommande donc plusieurs actions à mettre en place de la part d’Instagram. Pour elle, la plateforme doit corriger ses systèmes défectueux pour signaler les abus. Elle doit aussi fermer les possibilités pour les inconnus de prendre contact avec des femmes pour leur envoyer des messages abusifs.
Le CCDH exige également qu’Instagram investisse dans la modération et donne la priorité aux abus dans les DM. Il recommande enfin que les législateurs veillent à ce que les plateformes respectent les normes minimales de transparence, les systèmes de signalement des comportements illégaux, ainsi que les actions en cas de signalement de messages haineux.
https://twitter.com/CCDHate/status/1511674923625943053
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