MWC : les opérateurs européens font pression sur Bruxelles pour favoriser la consolidation du marché

Orange, Vodafone, Telefonica et Deutsche Telekom ont profité du Mobile World Congress, qui a lieu en ce moment à Barcelone, pour presser la Commission à réviser ses politiques pour pouvoir consolider le marché européen des télécoms. Ils proposent d’avoir trois opérateurs principaux dans chaque Etat membre.

Depuis ce lundi 26 février sont rassemblés à Barcelone de nombreux acteurs de la tech et des télécoms au Mobile World Congress. L’occasion pour eux de présenter leurs dernières nouveautés et innovations, mais aussi d’exprimer leur mécontentement.

Plusieurs opérateurs européens — Orange, Vodafone, Telefonica et Deutsche Telekom — ont profité du salon international pour faire pression sur la Commission européenne afin qu’elle révise sa politique concernant les fusions et les rapprochements d’opérateurs dans les Etats-membres, rapporte La Tribune. Un sujet qui fâche dans l’industrie et divise.

Une consolidation essentielle pour les investissements dans la 5G et la fibre

L’Europe veut que le marché des télécoms européen soit moins fragmenté, mais l’Europe ne veut pour autant pas que les opérateurs se rapprochent par crainte que les prix s’envolent et que la concurrence ne soit plus équitable.

Mais les opérateurs perdent patience et souhaitent que Bruxelles revoit le cadre réglementaire en vigueur peu (voire pas du tout) propice aux fusions et rapprochements. Si la Commission a récemment indiqué dans un livre blanc qu’elle allait revoir ce cadre réglementaire pour faciliter les rapprochement transfrontaliers, cela ne suffit pas pour les opérateurs qui demandent des mesures concrètes.

Le patron de Deutsche Telekom, Timotheus Höttges, affirme qu’il y a « un grave problème en Europe », avant d’ajouter « quand va-t-on en finir avec ce bazar ? Nous avons besoin d’aide ! ».

Selon lui, les opérateurs européens sont victimes de la forte concurrence entraînés par des prix bas des offres fixe et mobile, et cette situation ne les aide pas à investir massivement dans les réseaux de télécommunications, notamment 5G et fibre. Il compare l’Europe avec les Etats-Unis où les opérateurs « investissent en moyenne 240 euros par an et par habitant dans leurs infrastructures digitales » tandis que ce chiffre n’est que de 109 euros sur le Vieux Contient.

« Nous prenons du retard. Nous ne pouvons pas augmenter nos prix et il n’est pas possible de consolider ! Comment pouvons nous assurer le futur dans ces conditions ? », ajoute-t-il.

De son côté, le patron de Telefonica, José Maria Alvarez-Pallete, affirme que « quelque chose est cassé dans l’industrie, et il faut désormais réparer ». Il affirme que pour cela, il y a besoin « d’une nouvelle régulation » car l’Europe est face à un déficit d’investissements colossal car il manque près de 200 milliards d’euros pour que l’objectif d’une connectivité d’au moins 1 Gbit/s pour tous en Europe d’ici 2030 soit atteint.

Un passage à trois acteurs par pays membre

La patronne de Vodafone, Margherita della Valle, a quant à elle décidé de frapper plus fort en appelant directement la Commission à faire en sorte que la consolidation devienne possible dans tous les marchés européens. Alors que Bruxelles insiste sur la présence d’un minimum de quatre acteurs par pays membre, Vodafone indique que cela n’offre pas de viabilité économique car chacun déploie son propre réseau.

Christel Heydemann, la directrice générale d’Orange, ne s’est pas attardée sur le sujet mais a simplement tenu à rappeler que depuis plusieurs mois, de nombreux acteurs de la filière ont été « obligés de vendre leurs infrastructures pour continuer à investir ». Il faut dire que la Commission a autorisé la semaine dernière la fusion entre l’opérateur et MasMovil en Espagne, il aurait été trop risqué pour la DG de l’opérateur historique de hausser le ton contre Bruxelles lors du MWC.