
Tout commence dans le Maine-et-Loire à l’été 2022. Un opérateur mobile signale des coupures sur la 3G. L’ANFR, équipée de véhicules-laboratoires, localise la source du problème : une grue connectée dont le modem émet en continu sur plusieurs fréquences. Dès son extinction, le réseau redevient fonctionnel.
Rapidement, d’autres cas similaires apparaissent dans l’Ouest, puis dans l’ensemble de la France : Rhône, Drôme, Isère, Var… Partout, le même scénario. Le modem d’un engin de chantier brouille les fréquences mobiles, parfois sur plusieurs bandes à la fois.
Des interférences préoccupantes
Ces brouillages ne sont pas de simples désagréments. Le boîtier défectueux, en émettant sans interruption, sature les bandes de fréquences utilisées par les opérateurs. En hauteur, sur une grue par exemple, l’effet est amplifié. Pire, certains modems changent de bande automatiquement, étendant les dégâts.
Face à la multiplication des incidents, l’ANFR comprend qu’il s’agit d’un problème structurel, et non de cas isolés. Une réponse nationale s’impose.
Le constructeur interpellé
L’enquête identifie un seul et même fabricant d’engins de chantier. Contacté, le constructeur exprime d’abord sa surprise : ses machines sont utilisées partout dans le monde, mais seules la France semble concernée. Il lance alors des analyses internes en coopération avec ses sous-traitants.
Pendant ce temps, les incidents se poursuivent, y compris dans les propres agences du constructeur, où l’ANFR détecte des brouillages émis par de nouveaux engins, comme des tombereaux ou tractopelles.
En tout, plus d’une vingtaine d’interventions sont recensées. L’ANFR exige alors une solution pérenne, rappelant que ces interférences sont illégales et passibles de sanctions.
Une mise à jour logicielle déployée en 2024
Début 2024, une avancée décisive est obtenue. Après plusieurs expérimentations, le constructeur développe une mise à jour logicielle destinée aux modems en cause.
Une attention particulière est portée aux villes accueillant les Jeux Olympiques, afin de garantir la continuité des services mobiles durant les épreuves.
Un retour progressif à la normale
Le plan de mise à jour est ambitieux : viser 90 % de conformité à l’été 2024. Objectif atteint dès fin juin. Début 2025, 95 % des machines en France sont à jour, et 98 % des nouveaux modèles sortent d’usine avec le correctif intégré. Les derniers engins devraient être traités d’ici fin 2025.
Au-delà de l’Hexagone, le constructeur étend la mise à jour à l’Europe, confirmant que des incidents similaires pouvaient se produire ailleurs. Retrouvez l’enquête complète sur le site de l’ANFR