E112 : Comment votre téléphone partage votre position quand vous appelez les secours

Lorsque vous composez le 112 depuis votre téléphone, vous ne le savez peut-être pas, mais votre appareil envoie automatiquement votre position aux services de secours. Cette localisation, devenue une fonction essentielle des appels d’urgence, repose sur une technologie discrète mais vitale. Elle permet aux pompiers, au SAMU ou à la police de vous retrouver, même si vous ne pouvez pas parler ou donner votre adresse.

112

Appeler les secours, c’est facile. Être localisé rapidement, c’est vital. Depuis plusieurs années, les appels d’urgence ne se limitent plus à établir une communication vocale : ils permettent aussi aux services de secours de vous localiser automatiquement, grâce à la technologie embarquée dans votre smartphone. En Europe, ce dispositif s’appelle E112. Encore méconnu, il sauve pourtant des vies en permettant une intervention plus rapide et plus précise.

Le 112, numéro d’urgence européen… et plus encore

Le 112 est le numéro d’urgence unique européen. Il permet de joindre gratuitement les secours (pompiers, ambulance, police) depuis n’importe quel téléphone, partout dans l’Union européenne et dans plusieurs pays voisins. Mais depuis 2018, une évolution majeure est entrée en vigueur : le passage au E112, une version enrichie de ce service, avec localisation intégrée de l’appelant.

L’objectif est simple : quand une personne appelle le 112, les secours doivent recevoir sa position géographique aussi précisément que possible. Ce système s’inspire du eCall automobile, qui transmet la position du véhicule lors d’un accident. Appliqué aux appels mobiles, il repose sur une technologie baptisée AML (Advanced Mobile Location).

AML : le cœur technologique de la localisation d’urgence

Lors d’un appel au 112, si le téléphone est compatible AML (tous les Android récents, iPhones à partir d’iOS 11.3), il active automatiquement les capteurs de localisation disponibles : GPS, Galileo (GNSS européen), Wi-Fi, Bluetooth et antenne réseau. Il calcule la position la plus précise possible, appelée position fusionnée, puis l’envoie de manière sécurisée au centre de traitement des appels d’urgence, aussi appelé PSAP (Public Safety Answering Point).

Selon les résultats du projet européen HELP112, les centres d’appel reçoivent cette position en moins de 30 secondes dans la majorité des cas. C’est souvent suffisant pour que les secours disposent de la localisation pendant que la personne décrit sa situation au téléphone, ou même avant qu’elle ait pu parler.

Quelle est la précision réelle ?

L’étude européenne donne des chiffres très concrets sur la précision obtenue selon les méthodes utilisées :

  • Cell-ID (antenne mobile) : précision moyenne d’environ 1,6 km,
  • Wi-Fi : environ 23 mètres,
  • GNSS (GPS / Galileo) : environ 16 mètres,
  • En combinant GNSS et Wi-Fi : on obtient une solution idéale indoor/outdoor.

Dans les cas les plus favorables, notamment avec Galileo activé, la position est suffisamment précise pour que les secours sachent exactement où chercher, y compris dans un bâtiment.

Une réglementation européenne adoptée en 2018 impose d’ailleurs que tous les smartphones vendus dans l’UE depuis mars 2022 soient compatibles avec le GNSS, et en particulier avec Galileo, afin de garantir une précision optimale.

Fonctionne-t-elle partout ?

La localisation automatique via E112 dépend de deux conditions : Le téléphone doit être compatible AML et le centre d’appel local (PSAP) doit être équipé pour recevoir les données AML.

Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, la localisation ne sera pas envoyée automatiquement, et l’appelant devra alors tenter de décrire lui-même où il se trouve, ce qui peut être impossible en cas d’accident, de malaise ou si l’on se trouve dans un lieu inconnu.

Qu’en est-il des montres connectées ?

Certaines montres connectées, notamment celles équipées d’une carte eSIM, peuvent appeler les secours directement, sans passer par le téléphone. Si elles intègrent un GPS, elles transmettent également la position de l’appelant. Si elles sont simplement reliées au téléphone par Bluetooth, c’est alors le smartphone qui assure l’envoi de la position AML.

La 5G, prochaine étape de la localisation ultra-précise

Au-delà des technologies embarquées dans les téléphones, les réseaux mobiles eux-mêmes peuvent contribuer à la localisation. Avec la 5G SA et notamment le beamforming (une technologie qui oriente les faisceaux radio directement vers le téléphone) les opérateurs peuvent estimer la position de l’appelant à quelques mètres près, même en intérieur ou sans GPS.

Ce type de localisation, géré par le réseau, vient renforcer AML, et sera particulièrement utile dans des environnements complexes : immeubles, métros, parkings souterrains.

En dehors de l’Europe : E911, AML et autres systèmes

Le système européen E112 a des équivalents dans d’autres régions du monde :

  • États-Unis et Canada : le E911 impose aux opérateurs de transmettre la localisation lors d’un appel au 911.
  • Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Corée du Sud : AML est actif ou en cours de déploiement.
  • Amérique latine, Inde, Afrique : des dispositifs nationaux se mettent progressivement en place, souvent appuyés par Google ELS (Emergency Location Service), une alternative à AML disponible sur Android dans plus de 30 pays.

Une technologie encadrée pour protéger la vie privée

La localisation via E112 ne fonctionne que pour les appels d’urgence. Elle ne peut pas être déclenchée à distance, ni utilisée à d’autres fins commerciales ou policières. Les données sont transmises aux seuls services d’urgence, de manière temporaire, et supprimées une fois la situation traitée.

En Europe, ce dispositif est strictement encadré par le RGPD (Règlement général sur la protection des données), qui garantit un usage proportionné et sécurisé.

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