Sur les modèles Galaxy A, M et F vendus en Inde, en Afrique du Nord, en Asie de l’Ouest et dans certaines régions d’Europe, AppCloud apparaît dès la configuration initiale de l’appareil. Présentée comme un service de recommandation d’applications, elle oblige l’utilisateur à faire des choix d’installation pour poursuivre la configuration. Même en choisissant de reporter l’opération, l’application continue d’envoyer des notifications jusqu’à ce que le processus soit terminé ou que l’application soit désactivée.
Mais la désactivation ne suffit pas toujours : AppCloud revient régulièrement après les mises à jour, et sa suppression totale nécessite un accès root, une opération complexe et risquée pour l’utilisateur moyen.
Des liens avec une entreprise controversée
AppCloud est liée à la technologie Aura développée par ironSource, une entreprise fondée en Israël, désormais propriété du géant américain Unity. Cette origine géographique a provoqué un tollé dans certaines régions comme le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, où les entreprises israéliennes sont interdites d’activité en raison de lois locales ou de tensions politiques. L’installation automatique d’un logiciel connecté à une société israélienne est donc perçue comme un affront.
ironSource n’est pas étrangère aux polémiques : elle est notamment connue pour son ancien logiciel InstallCore, qui installait d’autres programmes à l’insu des utilisateurs, contournant les antivirus et les mécanismes de validation. Ce passé trouble alimente aujourd’hui les suspicions autour d’AppCloud.
Des inquiétudes grandissantes sur la vie privée
Des organisations telles que SMEX, une ONG spécialisée dans les droits numériques basée à Beyrouth, ont tiré la sonnette d’alarme dès février 2025. Elles dénoncent l’absence de politique de confidentialité accessible pour AppCloud, une collecte de données possiblement excessive, l’impossibilité de désinstaller l’application par des moyens classiques et une opacité sur les liens réels entre AppCloud et ironSource.
Des captures d’écran partagées en ligne montrent qu’AppCloud requiert des autorisations intrusives, comme l’accès complet au réseau, la possibilité de télécharger des fichiers sans avertir l’utilisateur, ou encore d’empêcher l’appareil de se mettre en veille.
Une polémique relancée par les réseaux sociaux
La controverse a explosé après qu’un message viral du compte International Cyber Digest a qualifié AppCloud de « spyware israélien impossible à supprimer ». Depuis, les témoignages se multiplient : en Europe, en Inde, en Afrique du Nord, des utilisateurs affirment que l’application reste présente sur leur téléphone malgré sa désactivation.
Certains affirment même qu’elle peut installer d’autres logiciels sans leur accord, renforçant l’image d’un outil de surveillance déguisé. Même si aucune preuve formelle ne confirme qu’AppCloud se comporte comme un spyware, le flou qui entoure son fonctionnement alimente les craintes.
Une pression croissante sur Samsung
Face à la mobilisation croissante des internautes, des experts en cybersécurité et des organisations de défense des droits numériques, Samsung reste silencieux. Une lettre ouverte envoyée en mai par SMEX est restée sans réponse. Des appels à l’interdiction de certains modèles de téléphones Samsung ont même été lancés dans certains pays du Moyen-Orient.
De leur côté, les experts estiment que la présence d’un tel logiciel, difficilement désinstallable et peu transparent, pose un réel problème éthique, indépendamment de ses origines. Même si AppCloud n’est « que » un outil marketing, son fonctionnement opaque et son caractère imposé constituent, selon eux, une atteinte aux droits des consommateurs.

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