Un salarié armé, la direction sur le terrain, les syndicats à l’Assemblée
PARIS (AFP) – Un salarié de France Télécom à Evreux est arrivé mardi à son travail avec son fusil non chargé, mais a été rapidement désarmé sans violence et sans faire de blessé, une affaire révélée jeudi au premier jour d’un « Tour de France » de la direction pour enrayer la vague de suicides.
Jeudi également, le chef des députés UMP, Jean-François Copé, a reçu l’ensemble des syndicats du groupe, pour évoquer les 24 suicides qui ont endeuillé l’entreprise en moins de deux ans.
Mardi, « un collègue a pété un câble, il voulait allumer un chef, mais il n’y a pas eu de victime. Il était sous pression. L’arme n’était pas chargée« , a expliqué jeudi à l’AFP une source syndicale, sans vouloir donner davantage de précisions sur cette information révélée par Mediapart.
La direction, qui considère également que « l’affaire est close« , a souligné que le salarié, âgé de 50 ans, était « quelqu’un de très bien, très impliqué dans son travail, qui est très bien noté et qui allait sur tous les renforts au moment des tempêtes« .
« Il s’est excusé, il était mortifié, on ne souhaite pas en rajouter. Il n’y aura pas de sanction« , a précisé un porte-parole, en soulignant que « tout le monde a été très solidaire, les syndicats, les collègues, les managers. Nous l’accompagnons pour que cela n’ait pas de graves conséquences« . Le salarié est arrêté jusqu’au 18 octobre.
Cet incident intervient alors que la direction a entamé avec les syndicats des négociations sur le stress. Elle a aussi accepté de suspendre les mutations jusqu’à la fin de l’année et s’est résolue à se séparer du numéro 2 du groupe, Louis-Pierre Wenes.
Son remplaçant, Stéphane Richard, nommé lundi, a débuté jeudi à Bordeaux un « Tour de France« , estimant « indispensable » de se rendre sur le terrain pour « essayer de comprendre les mécanismes qui ont pu aboutir à la crise que nous avons traversée« .
Le nouveau dirigeant, qui se rendra dans une dizaine de villes de France d’ici la mi-novembre, a reconnu qu' »il y a manifestement beaucoup d’incompréhension » autour d’outils utilisés sur les plateaux, comme les systèmes d’écoute sur les centres d’appel, dénoncés comme des « outils de flicage » par les syndicats.
Jeudi matin, le ministre du Travail Xavier Darcos a cependant jugé que « toutes les conditions » étaient « réunies » pour sortir de la « crise » au sein du groupe.
Mais Sud-PTT a pour sa part regretté en fin de journée que la direction « tergiverse encore« , en proposant notamment un « plan de temps partiel pour les seniors », en dessous des revendications des syndicats.
De son côté, Jean-François Copé a estimé que le PDG de France Télécom, Didier Lombard, devait « rester à son poste pour assumer ses responsabilités et enrayer cette spirale infernale. C’est d’abord sa mission et celle de Stéphane Richard« .
M. Copé a annoncé la mise en place d’un « groupe de travail » coprésidé par lui-même et Pierre Méhaignerie (UMP), le président de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, qui doit « proposer des recommandations dans les semaines qui viennent« .
La commission des Affaires sociales du Sénat a également annoncé jeudi avoir demandé la création d’une mission d’information sur le mal-être au travail à la suite de l’audition fin septembre de M. Lombard.
Les commentaires des actualités restent ouverts 30 jours après publication. Si vous avez une question, cherchez la page appropriée dans nos sections Mobile, Internet ou TV et postez un commentaire.