L’ARCEP, le régulateur des télécoms, vient de publier son baromètre de l’interconnexion pour la période allant du premier semestre 2012 au premier semestre 2018 pour aider à comprendre qui est impliqué et comment.
Qu’est-ce que l’interconnexion ?
L’interconnexion est ce qui désigne les liens entre les différents acteurs d’internet pour le trafic de données et permet de créer un maillage ou une toile d’araignée au niveau mondial pour que les utilisateurs puissent tous communiquer entre eux.
Plusieurs acteurs sont donc impliqués et à plusieurs niveaux, les plus connus sont ceux qui sont en bout de chaîne avec d’un côté les fournisseurs d’accès internet (FAI) comme Orange, Free, SFR ou encore Bouygues Telecom et de l’autre les fournisseurs de contenu et d’applications (FCA). Entre ces deux là, il n’y a pas de tuyau direct et nous allons retrouver plusieurs autres acteurs et à plusieurs niveaux.
Il y a l’hébergeur sur lequel le site est installé, ensuite vient le transitaire qui va faire le chemin entre l’hébergeur et le FAI ou il y a les points d’échanges d’internet (IXP) qui permettent à différents acteurs de se connecter entre eux. Il peut y avoir également recours à des CDN, un réseau de diffusion de contenu. Le site principal apporte son contenu dans un ou des CDN dans une zone géographique donnée et le FAI se connecte directement dessus, les données sont ainsi plus proches des utilisateurs, les données ainsi en cache sont accessibles beaucoup plus rapidement.
C’est à ce niveau là que des négociations se font et parfois, elles n’aboutissent pas et le client final se retrouve donc avec un débit dégradé depuis le fournisseur de contenu comme on a déjà pu le voir à plusieurs reprises. Même si les tarifs ont été divisés par 1000 depuis 1998 passant de 1200$ par Mb/s à 1,2$ par Mb/s, il se pose toujours la question de qui paye quoi, surtout que les usages ont explosés depuis quelques années.
Situation en France
En France, au premier semestre 2018 il y a eu 13,3 Tb/s (13 300 Gb/s) de trafic entrant, la majorité provenant de peering privé, une interconnexion qui a lieu dans un data center puis vient le transit qui est une connexion entre deux opérateurs.
Le trafic est en constante augmentation et il a augmenté de 33% entre le premier semestre 2017 et le premier semestre 2018.
Le trafic sortant est beaucoup plus faible que l’entrant et l’écart entre les deux s’intensifie d’années en années. Passant de 1/4 à 1/9 entre 2012 et 2018, notamment à cause du streaming et des contenus téléchargés de grandes tailles. Il n’est plus rare de devoir télécharger d’énormes mise à jour de plusieurs giga pour des jeux par exemple et même si le cloud a une place de plus en plus importante au sein des smartphones, les fichiers envoyés dépassent rarement les quelques méga pour des photos.
Pour faire face à ce trafic toujours plus important, les fournisseurs font évoluer leur capacité d’interconnexion. Celle-ci augmente moins rapidement que le trafic entrant mais la marge est de plus de 30 Tb/s, de quoi faire face à un pic de consommation.
Au fil des années, le trafic de transit a diminué au profit du trafic de peering privé, notamment grâce à l’amélioration des capacités entre les fournisseurs d’accès et les fournisseurs de contenus. Concernant le peering, il y a quelques années, celui-ci était très majoritairement gratuit (87)% mais celui-ci tend à diminuer au profit du peering payant, aujourd’hui la part des deux est de 50%.
Décomposition du trafic
Aujourd’hui, le trafic se fait principalement depuis 4 acteurs, si Google en prend quasiment 20%, il ne faut pas oublier que celui-ci se retrouve quasiment partout, du moteur de recherche au fournisseur de contenus et d’applications en passant par Youtube. Netflix est lui responsable d’environ 15% du trafic. Vient ensuite Akamai qui est un CDN que de nombreux sites utilisent comme Microsoft, la SNCF, France 2, TF1… ensuite vient Facebook.
EdgeCast, Level 3 CDN et Limelight sont les trois des CDN, Online et OVH sont deux hébergeurs français et Twitch est une plateforme de streaming vidéo.