En juin dernier, l’AOTA, association des opérateurs télécoms alternatifs, proposait au gouvernement de se saisir de la question de la transition vers IPv6 « et de la préservation de l’équilibre concurrentiel ». La Direction générale des entreprises (DGE) vient d’y répondre.
Pour mémoire, l’IPv4 est arrivée à un point de pénurie et l’ARCEP, le gendarme des télécoms, estime que l’épuisement devrait avoir lieu le 21 novembre 2019. Aujourd’hui, il n’y a plus d’adresse « neuve » et les acheteurs sont mis sur liste d’attente et sont servis à mesure des adresses qui ne sont plus utilisées et qui reviennent au RIPE.
La DGE indique dans son courrier « partager les préoccupations décrites dans le courrier concernant la raréfaction du stock d’adresses IP définies selon le protocole IPv4, ainsi que les enjeux liés à la transition vers le protocole IPv6 » avant d’ajouter que « la transition vers ce nouveau protocole de communication apparaît aujourd’hui comme un enjeu majeur de compétitivité et d’innovation auquel nous nous devons d’accorder une attention toute particulière ».
En effet, quand il est question de pénurie, les prix ont tendance à s’envoler, question d’offre et de demande, et cela créé une distorsion de la concurrence avec des petits acteurs qui ne peuvent plus acheter des IPv4 devenue beaucoup trop chères ou alors, il leur faudrait augmenter le prix des abonnements, impensable pour eux.
Cependant, la DGE ne peut pas faire grand chose devant cette situation puisque tout est fait au niveau européen. Elle ajoute ainsi dans sa lettre : « Comme vous l’avez noté, les capacités d’action du Gouvernement en la matière sont cependant, limitées par l’absence de base législative l’autorisant à réglementer ce type de ressources, du fait que les adresses IP sont gérées au niveau international par l’ICANN et attribuées directement au niveau européen par le registre Internet européen, le RIPE NCC basé à Amsterdam ».
Mais, elle peut en revanche faire des propositions à l’Union Européenne afin qu’une décision soit prise ou qu’un groupe de travail soit créé pour étudier la question : « compte tenu de cette situation, et pour faire écho à votre proposition de « lignes directrices établies en conseil des ministres de l’Union » portant sur les équipements terminaux, les obligations d’interconnexion et le modèle de gestion de l’adressage IP, les autorités françaises vont proposer à la présidence du Conseil de l’Union européenne qu’elle mette à l’agenda d’un groupe de travail du Conseil « Télécommunications et société de l’information » la question de la transition vers l’IPv6 et qu’elle saisisse de l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (ORECE) pour avis sur ce dossier ».
L’AOTA considère cela comme une « timide réponse de principe » mais elle a néanmoins l’avantage de montrer que le gouvernement se soucie de la situation actuelle même si le problème est devenue assez urgent puisque l’épuisement devrait avoir lieu dans un mois. La DGE rappelle également que l’ARCEP joue un rôle dans la transition vers IPv6 mais l’AOTA est déjà candidate à cette « task-force ».