La fibre chinoise menace à nouveau la filière fibre tricolore

Déjà l’an dernier, le syndicat des câbliers (Sycabel) s’inquiétait de l’arrivée de fibre chinoise sur le marché hexagonal. Celle-ci aurait eu une percée importante en France, ralentissant d’autant la fabrication française.

2019 a été une année record dans le déploiement de la fibre sur le territoire. L’an dernier, 4,8 millions de locaux supplémentaires ont été rendus raccordables à la fibre optique, un chiffre qui aurait du être largement dépassé cette année mais le confinement étant passé par là, les chiffres ne seront pas tenus.

Le plan France Très Haut Débit bat donc son plein et cela se ressent dans le recours au matériel et en particulier la fibre. En 2019, ce sont 21,8 millions de kilomètres de fibre qui ont été livrés aux opérateurs et autres intégrateurs, un chiffre en hausse de 14% par rapport à 2018 selon Les Echos.

Une situation de rêve qui ferait mourir d’envie bien des secteurs mais voilà que l’activité des fabricants français de fibre n’en profite pas. La production s’est fortement ralentie, principalement au second semestre, en 2019. Il s’agit de la plus forte baisse enregistrée depuis 2011.

Selon le syndicat, ce sont les importations de fibre d’Asie qui ont fait baisser la demande de fibre française. Il y aurait eu recours à des importations pour l’équivalent de 45% du marché et de fait, les usines françaises tournent moins fortement et sont sous-utilisées d’environ 30% de leurs capacités.

Afin de sauvegarder l’outil industriel français, le syndicat demande aux collectivités locales de revoir leur politique d’achat de fibre et d’acheter français mais les fibres chinoises ont l’avantage d’être bien moins chères que celles fabriquées sur notre sol.

Les collectivités qui s’occupent du déploiement dans plus de 40% des habitations et locaux professionnels seraient en plus largement moins regardants que les opérateurs en ce qui concerne le choix du fournisseur. Que ce soit les règles environnementales ou sur le cahier des charges fourni par le régulateur.

Ce choix de faire des économies lors du déploiement actuel pourrait avoir un impact dans le futur et coûter bien plus cher au final s’il y a besoin de nouveaux travaux pour remplacer ces fibres dans les prochaines années.

Pour contrer la montée de la fibre chinoise et à défaut de rallier les décideurs publics, Sycabel a choisi de mener une action anti dumping auprès de Bruxelles. Au delà du marché français, c’est le marché européen qui pourrait être inondé par la fabrication asiatique alors que les industriels tricolores pourraient avoir une carte à jouer si une taxe aux frontières était mise en place au sein de l’Union.