Facebook : l’audition de la lanceuse d’alerte arrive au mauvais moment pour la plateforme
L’audition de Frances Haugen, la lanceuse d’alerte qui a révélé de nombreuses informations compromettantes sur Facebook, vient d’avoir lieu au Sénat américain.
Il y a quelques jours, la lanceuse d’alerte à l’origine des accusations portées contre Facebook est sortie de l’ombre dans une interview donnée à la chaîne américaine CBS.
Cette ancienne ingénieure chef de produit qui est restée près de deux ans dans l’entreprise, affirmait notamment que Facebook choisissait le profit plutôt que la sécurité de ses utilisateurs. Elle accuse également la plateforme d’avoir reconfiguré ses algorithmes pour privilégier la croissance et cela aurait pu mener selon elle à l’assaut du Capitole en janvier 2021.
Frances Haugen avait fourni de nombreux documents au Wall Street Journal, qui avait alors publié une série d’enquêtes sur le réseau social au mois de septembre. Le journal avait en effet révélé que Facebook effectuait des recherches sur les effets de son application Instagram sur les adolescents. Et ces recherches montraient que ces effets pouvaient être néfastes sur la santé mentale des plus jeunes, allant jusqu’à empirer le rapport à leur corps d’une adolescente sur trois par exemple.
Facebook reste dans la tourmente avec cette audition
Et Frances Haugen a été invitée à témoigner hier, le mardi 5 octobre, devant un sous-comité du Sénat américain, comme le rapporte Les Echos. Même si cela n’a pas de rapport, il se trouve que cette audition a eu lieu au lendemain d’une énorme panne qui a touché Facebook mais aussi Instagram et WhatsApp. Une panne d’environ 6 heures qui a d’ailleurs fait perdre des milliards de dollars à Facebook et à son patron.
La lanceuse d’alerte a été très bien accueillie par le Sénat américain et un sénateur influent a même déclaré à propos d’elle : « J’ai rarement vu ou entendu un témoin aussi crédible et convaincant sur un problème aussi épineux […] Frances Haugen veut réparer Facebook, et non le détruire. »
L’ancienne salariée du groupe souhaite en effet que les plateformes soient forcées à faire la transparence sur leur algorithme. Les utilisateurs pourraient également être obligés de cliquer sur le lien d’une publication avant de pouvoir la partager, pour limiter la désinformation. Enfin, Instagram pourrait fixer une limite d’âge à 16 ou 18 ans et non pas 13 ans.
Facebook se défend
Un porte-parole du réseau social a répondu sur Twitter en remettant en question la crédibilité de Frances Haugen :
« Aujourd’hui, un sous-comité du Sénat a tenu une audience avec une ancienne directrice produits chez Facebook, qui a travaillé dans le groupe pendant moins de deux ans, ne dirigeait pas d’équipe et n’a jamais participé à une réunion avec des cadres dirigeants du groupe. Et a elle-même déclaré à six reprises qu’elle ne travaillait pas sur le sujet en question. »
De son côté, Mark Zuckerberg a lui aussi répondu aux accusations dans une publication sur sa page Facebook : « Au cœur de ces accusations réside l’idée que nous privilégions les profits plutôt que la sécurité et le bien-être. Ce n’est tout simplement pas vrai. »
Facebook a toutefois indiqué être disposé à collaborer avec les autorités pour définir de nouvelles règles sur le fonctionnement d’internet : « Malgré tout, nous sommes d’accord sur une chose. Il est temps de créer de nouvelles règles sur le fonctionnement d’internet […] Cela fait vingt-cinq ans que ces règles n’ont pas été mises à jour et au lieu de demander à l’industrie de faire des choix de société, il est temps pour le Congrès d’agir. »
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