Fusion Orange/MasMovil : Bruxelles va enfin donner son feu vert mais pose une nouvelle condition
Après plus d’un an d’attente, la Commission européenne devrait enfin donner son feu vert pour la fusion entre Orange et MasMovil en Espagne. Mais Bruxelles veut désormais qu’un quatrième opérateur voit le jour dans le pays pour compenser le passage à trois opérateurs principaux.
Le marché espagnol des télécoms va enfin se renforcer… ou du moins presque. Le 22 février prochain, la Commission devrait autoriser le rapprochement tant attendu entre Orange et MasMovil en Espagne, estimé à près de 19 milliards d’euros. Une date pas choisie au hasard car il s’agit de la veille du Mobile World Congress 2024 qui se tient justement à Barcelone.
Les deux opérateurs attendent depuis plus d’un an le feu vert des autorités antitrust de Bruxelles et ils l’obtiendront à la fin du mois, d’après les informations des Echos. Mais ce feu vert ne viendrait pas seul car la Commission veut que les deux opérateurs favorisent l’entrée d’un quatrième opérateur sur le marché espagnol.
Pas de consolidation pour maintenant une concurrence forte
Durant ces derniers mois, Bruxelles a exprimé à plusieurs reprises ses craintes concernant le rapprochement entre Orange (numéro 2 en Espagne) et MasMovil (numéro 4 en Espagne), qui entrainerait une hausse des prix et une baisse de la concurrence dans le pays selon les autorités.
Mais la Commission semble avoir trouvé une parade et envisage de donner son feu vert aux deux opérateurs à condition qu’ils rendent disponibles des fréquences pour l’un de leurs rivaux afin de faciliter sa croissance. En d’autres termes, Bruxelles veut qu’un quatrième acteur émerge en Espagne pour compenser la fusion entre les deux opérateurs.
En outre, Bruxelles ne change pas d’avis concernant la consolidation du marché européen des télécoms, qui est pourtant un souhait de Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications. Le marché européen est, en effet, très fragmenté avec près d’une centaine d’acteurs à travers le Vieux Continent, contre seulement 5 aux Etats-Unis, ce qui le rend peu compétitif à l’échelle mondiale. Une consolidation du marché européen permettrait aussi de rentabiliser les investissements dans les réseaux.
Quoi qu’il en soit, ce feu vert viendra certainement apaiser les relations entre Orange et l’exécutif européen qui s’étaient tendues ces derniers mois, notamment après que la Commission a suspendu à plusieurs reprises ses réflexions sur le rapprochement entre les deux opérateurs. D’autant plus qu’Orange et MasMovil avaient déjà fait plusieurs concessions pour aller dans le sens de Bruxelles.
Pour rappel, le rapprochement donnera naissance à une nouvelle joint-venture valorisée près de 19 milliards de dollars et contrôlée à part égale entre les deux opérateurs.
Digi comme 4ème opérateur ?
Mais alors qui sera ce quatrième acteur qu’exige Bruxelles ? Il y a fort à parier qu’il s’agisse du roumain Digi qui est très agressif sur le marché espagnol. L’opérateur s’est rapidement développé dans le pays et détient déjà plus de 5% du marché en nombre d’abonnés mobile en Espagne.
Digi adopte une stratégie similaire à celle de Free en France avec des prix très bas pour s’imposer et nettement renforcer la concurrence. Mais il dispose aussi d’offres bien ancrées dans le marché et de boutiques, il ne lui manque alors plus que des infrastructures à travers le territoire pour pouvoir œuvrer de manière indépendante.
En décembre dernier, Orange et MasMovil ont déjà signé un accord avec Digi pour lui céder des fréquences et des pylônes, ce que demandait Bruxelles pour donner lieu à la fusion.
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