Financement des réseaux : le patron de Nasca s’interroge sur cette taxation supplémentaire
La question du financement des réseaux par les grosses entreprises du monde de la tech est revenue sur le devant de la scène. Mais certains FAI, comme Nasca, s’interrogent sur le fait de taxer les flux alors que les GAFAM financent déjà en partie les réseaux.
L’Union Européenne, bien poussée par les gros opérateurs européens, veut mettre en place un péage numérique. L’idée serait ici de faire payer en partie le déploiement des réseaux par les GAFAM, les plus grands utilisateurs de bande passante.
Une bande passante qui pourrait devenir très onéreuse
Si l’on prend le chiffre brut, les grandes entreprises telles que Google, Apple, Amazon, Netflix… sont responsables de 55% du trafic internet aujourd’hui, et elles utilisent les infrastructures des opérateurs de télécommunication pour écouler leur trafic.
Mais cette image n’est pas totalement vraie comme le rappelle Nicolas Guillaume, CEO du groupe Nasca dont l’opérateur régional Netalis fait partie, dans FrenchWeb. « Les GAFAM financent bel et bien – comme nous tous les internautes – l’infrastructure qui compose internet ».
Comme nous l’avons déjà vu, avec Google ou encore Microsoft, ces entreprises financent par exemple les câbles sous-marins ou encore des serveurs de cache directement chez les fournisseurs d’accès à internet. De plus, dans le cadre de certains accords, les FAI et les GAFAM peuvent avoir des accords de peering et dans ce cas, les entreprises paient déjà pour « obtenir ce tuyaux dédié » pour écouler leur trafic.
Dès lors, Nicolas Guillaume s’interroge sur le fait de vouloir « changer un modèle qui fonctionne parfaitement depuis l’avènement d’internet ». Il ajoute que « taxer les flux numériques est une hérésie, un non-sens et un grave danger pour l’économie numérique toute entière dans le contexte actuel d’inflation généralisée ».
Les coûts sont de plus en plus élevés aujourd’hui et l’on ne sait pas vraiment ce vers quoi nous nous dirigeons dans les mois à venir. Cette taxe pourrait donc s’ajouter à l’effet de l’inflation et faire que les prix s’envoleront dans les prochains mois. Le risque est que cela se répercute ensuite à différents niveaux et pas seulement sur le prix de votre abonnement à Netflix ou à YouTube Premium.
Outre les GAFAM, on retrouve également les hébergeurs qui font transiter beaucoup de trafic. Faire peser une taxe supplémentaire sur ces hébergeurs dont beaucoup sont d’ailleurs européens (OVH, IONOS…) pourrait derrière mettre à mal « start-up, service de commerce en ligne ou de diffusion de médias » qui verraient « leur modèle économique impacté par une hausse soudaine de ses coûts en raison d’une bande passante plus onéreuse pour les fournisseurs d’hébergement ».
Des retombées économiques en France
Et surtout, les investissements réalisés par les grandes entreprises de la tech ont des répercussions sur la France. Les câbles déployés en partie par Microsoft, Meta ou Google ont fait de Marseille le 7ème hub numérique mondial en 10 ans à peine, et sa place devrait encore évoluer au classement à l’avenir.
Le patron de Nasca rappelle que « cet exploit n’est pas à porter au crédit des dinosaures historiques des télécoms que sont Orange ou SFR mais grâce à l’implantation de data centers massifs d’Interxion et de Telehouse ». Ces investissement ramènent des emplois à valeur ajoutée et des infrastructure indispensables au pays.
La stratégie de taxer ces acteurs du numérique qui investissent dans les tuyaux finalement et qui permettent à la France d’être « l’un des pays les plus connectés et les plus résilients d’Europe et du monde » serait donc une « stratégie contre-productive » pour le pays. Elle serait plutôt au profit « des opérateurs historiques qui réclament dorénavant une dime sur des services ou des infrastructures qu’ils n’ont pas su créer » notamment dans les zones peu denses, là ou le public a financé la fibre.
« C’est pourquoi il est urgent de protéger l’internet ouvert et ne pas introduire un grand péage numérique européen sous forme d’une prétendue taxe sur la bande passante des hébergeurs et grands injecteurs de flux numériques. Ce mécanisme ne profitera en réalité à personne, tout du moins pas à ceux qui innovent, inventent, entreprennent au sein de nos territoires », conclut Nicolas Guillaume.
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